Mémoire d'un cavalier randonneur

L'homme est assis dans son fauteuil près de la fenêtre, de là il peut voir le jardin et les fleurs près du potager entretenues avec patience malgré les années qui commencent à peser, mais surtout il peut voir, juste derrière le grand prunier, le pré ou broute son dernier cheval, celui qu'il a acheté il y a bien longtemps, oh un vieux rêve, un splendide Camargue qu'il était allé chercher dans une manade près d'Aix en Provence.
Les année ont passées, le temps à fait son oeuvre et tous deux se reposent chacun dans leur coin, mais sans vraiment se quitter des yeux.
Chaque matin aux aurores le vieux cavalier, apporte une poignée de picotin à son vieux copain, "histoire d'entretenir l'amitié", comme il aime le dire aux amis qui viennent le voir.


La porte s'ouvre et tire l'homme de sa rêverie, " Dis Papé, tu me racontes une histoire", l'enfant vient se blottir sur les genoux du vieillard. "oh, je t'en ai déjà bien raconté des histoires, mon petit", dit l'homme attendrit en passant sa main tremblante dans les cheveux bouclés de l'enfant." Raconte moi encore celle où tu as failli tombé dans le ravin". "Ah si tu veux, répondit le vieux randonneur toujours fier de parler de ses aventures à cheval.
" Vois tu c'était il y a bien longtemps, je n'était pas encore tout à fait à la retraite, et avec quelques bons copains de l'association, il y a plus de 20 ans maintenant, l'association va bientôt fêter ses 40 ans tu sais, nous sommes parti dans le Jura, avec les chevaux, ta grand mère et puis les épouses des amis.

Nous partions de bon matin car c'était en été et il faisait chaud, et nous ne connaissions pas les chemins, juste une carte et une boussole, maintenant ils ont tous un GPS alors que tout est balisé ! Enfin bref, c'était par une chaude journée, bien trop chaude, un temps lourd, avec des mouches partout, nous étions en milieu d'après-midi, sur un sentier dans la montagne, balisé piste équestre sur la carte, et nous avancions doucement pour ne pas trop fatiguer les chevaux. Les femmes nous attentaient à l'autre bout dans un gîte que nous avions réservé. Il nous restait une bonne dizaine de kilomètres à faire pour arriver au gîte et nous avions hâte d'aller prendre une douche et nous mettre les pieds sous la table..
Lorsqu'au détour d'un virage escarpé, le chemin était très étroit à flanc de montagne, un énorme sapin couché en travers coupait le sentier et toute possibilité de continuer. Nous avions pris avec nous  un gros coupe-coupe pour les broussailles, mais trancher un tronc aussi large était impossible. Le constat fut simple, impossible de passer au dessus ou en dessous, trop pentu, il faillait faire demi-tour.

Le moral dans les guêtres, nous redescendîmes ce qui nous pris bien du temps. En bas, au bord d'un lac aux eaux sombres, coincé entre deux montagnes, nous commencions à nous résoudre à reprendre le goudron et à faire 30 kms sur le bitume, alors que la soirée était déjà bien avancée, et toujours cette chaleur qui nous fatiguait !
Lorsque l'un d'entre nous remarqua un pêcheur assis paisiblement au bord du lac, "et si nous lui demandions conseil suggéra quelqu'un", et "oui bien sur ", donc,  nous sommes aller prendre conseil auprès de ce brave homme. Après lui avoir expliqué notre problème, il nous indiqua un autre chemin, un peu plus haut qui suivait à peu près la même trajectoire, à flanc de montage, et ce chemin là nous conduisait aussi près du gîte, 10 kms en tout, au lieu des 30 kms sur le goudron.

Après avoir remercié ce brave homme, nous empruntâmes ce chemin, un peu plus loin, suivant les explications du pêcheur qui étaient bien exactes, et ainsi rassurés nous commencions l'ascension sur un chemin pierreux et suffisamment large, pour nos montures.
Les heures passent sans problème, le sentier est escarpé, à flanc de montagne précipice en haut et en bas, mais pas d'arbre en vue donc rassurés nous continuâmes notre progression.
Nous approchions du but, le soleil commençait à décliner derrière la montagne et nos pensée volaient vers nos femmes, ta grand mère, qui devaient s'attendre à nous voir arriver.
Lorsque le chemin commença à se rétrécir progressivement, jusqu'à devenir un tout petit sentier de moins d'un mètre de large, à chaque tournant nous pensions le voir s'élargir, enfin, mais au contraire plus nous avancions, plus il se rétrécissait et petit à petit, nos épaules venaient à toucher les racines des buissons qui dépassaient du flanc abrupte de la montagne, coté droit,  les chevaux faisaient rouler les cailloux dans le précipice sur notre gauche, et nous entendions les pierres descendre, descendre tout en bas, dans un fracas sinistre dans le silence glacial du début de soirée, plus de soleil, l'ombre avait envahie la vallée, et nous ne pouvions faire demi-tour, le chemin étant trop étroit, nous ne pouvions même pas descendre de cheval, car le vide et la paroi nous en empêchait.
Nous cheminions en silence, l'angoisse au ventre, sachant que si le chemin venait à être bouché plus loin nous n'avions pas de solution et qu'un drame pouvait arriver d'un instant à l'autre.
Et les pierres qui dévalaient le précipice à chaque pas que faisait notre cheval. Nous étions épuisés...


De l'autre coté de la vallée, au gîte les femmes commençaient à s'inquiéter, nous devrions être déjà arrivé.
Le maître des lieux, pris ses jumelles et observa la montagne d'où il avait une vue imprenable et sachant d'où nous devions arriver scrutait avec application le sentier, sans rien voir bien évidemment puisque nous avions du rebrousser chemin.
L'idée lui pris de regarder bien plus haut et il poussa un cri en nous apercevant sur l'étroit sentier à flanc de précipice, "Mais ils sont fous d'être passé par là, ça ne passe pas à cheval" s'écria t il, mettant en alerte toute la maisonnée, et semant la panique.

C'est entre chien et loup que nous sortîmes enfin de cet entonnoir, par bonheur sans avoir rencontré d'arbre ou de rocher, soulagés de s'en être sorti sans dommages, pas fiers de notre mésaventure, en se rappelant qu'il ne faut jamais suivre les conseils d'une personne qui n'est pas cavalière et qui ne connait pas parfaitement l'itinéraire conseillé.
Enfin nous arrivions au gîte accueillis comme il se doit avec soulagement par celles qui s'étaient fait du mauvais sang depuis des heures.

L'homme se tu, revoyant les images de cette terrible journée, posa les yeux sur son arrière petit fils, celui ci c'était endormi, et sa petite tête penchée sur le coté reposait sur l'épaule de son Papé.
Alors le vieux randonneur sourit et l'oeil mouillé laissa son regard se perdre dans sa mémoire, et revis ses vieux compagnons de route, hommes et chevaux, liés par l'amitié et le bonheur de partager ensemble cette passion qui l'a porté tout au long de sa vie, la convivialité des hommes et l'amour des chevaux.

Toute ressemblance avec des évènements réels, n'est pas le fruit du hasard. Cette histoire me fut confiée par un des acteurs de cette aventure présentée içi dans le futur, sans doute ils se reconnaîtrons.

 CavalierRandonneur

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