Poèmes: Rainer Maria Rilkes

Chevaucher, chevaucher, chevaucher, le jour, 
la nuit, le jour.
Chevaucher, chevaucher, chevaucher. 
Et le courage s'est épuisé et la nostalgie si grande. ...
...On a deux yeux de trop. 
C'est seulement la nuit
que parfois on croit connaître le chemin.
Peut-être la nuit on refait toujours ce même bout de chemin que sous un soleil étranger
on a eu tant de mal à gagner? 
Cela se pourrait......
 ...Un voile gris envahi l'horizon de ma joie,  
tache d'encre en lenteur sombre,
engluée aux mailles du tissus immaculé de mes espérances.
 Qui s'évertue ainsi à tracer mon destin ?
Qui ose noyer ma liberté d'être moi ? 
 Est ce toi mon frère ? Sais tu au moins ce que tu fais ?
N'écoutes personne, laisse parler ton coeur, n'ai plus peur,
Seule la mort à ce pouvoir, il sera bien tant d'y songer un jour...
Regardes le soleil, il est là pour toi seul, chaque matin,
s'il ne devait rester qu'un seul être sur cette terre, 
l'astre serait là, pour te donner la vie...
 Alors inconscients faméliques, vous venez nourrir vos appétits nécrophages,
sur l'espérance des braves gens, sur ceux qui ont si peu, 
ceux pour qui donner est un verbe qu'ils chérissent.
Toi le puissant tu attises le pouvoir et tu le retires, tu moralises, tu terrorises, 
tu te nourris des miasmes de nos souffrances ?
La xénophobie est à nos portes, 
la culture des différences est drapée des couleurs du patriotisme,
Nos vieux poilus vont se réveiller, non les gars, le monde n'as pas changé, 
hélas nous n'avons pas su...
 
Réveil toi mon frère, réveilles toi ! 
RILKES (1875-1926) 
 
 Ecoutez ! 
 
 
PIVOT TERZIEFF RECITE RILKE par POLLY44

 
« Pour écrire un seul vers, 

il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, 

il faut connaître les animaux, 

il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. 

Il faut pouvoir repenser à des chemins, dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, 

à des départs que l’on voyait, longtemps approcher, 

à des jours d’enfance, dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, 

à ces parents, qu’il fallait qu’on froissât, lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas, c’était une joie faite pour un autre, 
à des maladies d’enfance, qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes, et graves transformations, 

à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, 

à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, 

à des nuits de voyage qui frémissaient très haut, et volaient, au dessus des étoiles 

– et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. 

Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, 

de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées, qui se refermaient. 

Il faut encore avoir été auprès de mourants, 
être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte, et les bruits qui venaient, par à-coups. 

Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. 

Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. 

Car les souvenirs eux-même ne sont pas encore cela. 

Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, 

lorsqu’ils n’ont plus de nom, et ne se souviennent plus de nous,

ce n’est qu’alors qu’il peut arriver, qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, 

se lève le premier mot, d’un vers. »......

Extrait des Cahiers de Malte

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