Le nouveau parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale vient de naître

Création d'un nouveau parc naturel marin dans le nord de la France



Le parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale, portant sur 118 kilomètres de côtes dans le nord de la France, a vu le jour avec la publication du décret de création au Journal officiel, a annoncé vendredi  14 déc 2012 le ministère de l'Ecologie.

Cet espace protégé est le cinquième parc naturel marin français, s'ajoutant à ceux de la mer d'Iroise, de Mayotte, du Golfe du Lion et des Glorieuses dans l'océan Indien. Il concerne 118 km de côtes et couvre une surface maritime de 2.300 km2 au large de la Seine-Maritime, de la Somme et du Pas-de-Calais.

A la rencontre de deux mers, ce secteur constitue un véritable carrefour biologique, souligne le ministère dans un communiqué, avec la présence de plus de 200 espèces animales et végétales: mammifères marins (marsouins, dauphins, phoques gris), oiseaux marins (mouettes tridactyles, gravelots) ou poissons dont certains exploités ou menacés (cabillauds, requins pèlerins, anguilles...).


Un conseil de gestion, composé de 60 membres, a pour charge d'élaborer dans les trois ans le plan de gestion du parc pour notamment mieux connaître le milieu et y développer de manière durable la pêche et l'activité touristique.

Un parc naturel marin, statut créé en 2006, est un espace délimité, uniquement marin, dans lequel coexistent un patrimoine naturel remarquable et des activités socio-économiques importantes avec un objectif de protection de la nature et de gestion durable des ressources, selon le site du ministère.

A la différence des parcs nationaux, comme celui des Calanques, ce parc n'est un espace réglementé que si le conseil de gestion l'estime nécessaire et propose aux autorités compétentes les mesures correspondante 
source
(©AFP / 14 décembre 2012 13h35) romandie.com



     Localisation et communes concernées

Ce parc naturel marin, comme celui de la mer d'Iroise s'étendra en mer (un parc marin n'a pas de territoire à terre). Le projet est positionné dans la partie terminale de la Manche-Est, et plus précisément dans la partie amont du pas de Calais, avec une variante débordant légèrement sur l'aval du détroit vers le nord, c'est-à-dire vers la mer du Nord, là où le détroit s'élargit et le courant ralentit.
Sa position géographique correspond à la section de la Manche où l'onde de marée est la plus contrainte par le Goulot formé par le rapprochement des côtes françaises et anglaise. C'est là que la marée est la plus haute, et que les courants (dont la résultante et orientée vers le nord) sont les plus accélérés, ce qui explique l'originalité des habitats sous-marins et des groupes d'espèces mis en évidence par l'étude CHARM. C'est aussi une zone identifiée comme à enjeux forts en termes de vulnérabilité (densité du trafic et risque maritime, risque de pollutions) et de pressions sur les ressources naturelles (dont granulats)13.

Pourquoi un parc au droit des estuaires ?

La cohérence géographique, hydrologique, hydro-sédimentaire, halieutique et écologique du périmètre proposé découle en grande partie des caractéristiques géo-morphologiques du détroit (évoquées dans le paragraphe précédent).
Elle provient aussi du fait que cette section de la Manche réunit 7 estuaires aux caractéristiques proches ou communes, dits "estuaires picards". Les plus grands et les plus typiques de ces estuaires sont :


  • L'estuaire de la Somme (ou Baie de Somme) ;
  • L'estuaire de l'Authie (ou Baie d'Authie) ;
  • L'estuaire de la Canche (ou Baie de Canche) ;
  • Trois estuaires se succédant plus au nord, de taille plus modeste, mais ayant un fonctionnement hydro-sédimentaire de même nature, c'est-à-dire également géo-morphologiquement contrôlés par le fleuve marin côtier qu'ils contribuent aussi à alimenter en eau douce, constituant un milieu de transition sans égal en France.
Ces 6 estuaires ajoutent chacun leurs eaux douces au panache de la Seine et à celui bien plus léger de la Bresle, formant ce qu'on appelle « le fleuve marin côtier » ; une énorme masse d'eau moins salée (et donc moins dense que la Manche et que la Mer du Nord, qui longue la côte vers le nord, poussée par les courants dominants venant de l'Atlantique. La densité, la turbidité, la salinité, la vitesse et l'écologie de ce fleuve marin côtier sont spécifiques. Elles varient selon les époques de l'année (cycle saisonnier), mais aussi selon les années (en fonction des conditions météorologiques et de l'utilisation des sols des bassins versants des fleuves qui y débouchent). Les nutriments apportés par les fleuves nourrissent un grand nombre d'espèces d'algues microscopiques ; Plus de cent dix espèces ont été identifiées dans la zone d'étude du Parc, rien que pour le phytoplancton3

Ce plancton photosynthétique joue un rôle important dans le cycle du carbone, et il est lui-même mangé par le zooplancton (dominé dans cette zone par 3 espèces de copépode ; Temora longicornis, Acartia clausi et Pseudocalanus elongatus), formant la base animale du réseau trophique, et parfois directement consommé par de grands poissons tels que le requin pèlerin et plus rarement par des baleines. Au printemps, on observe plus couramment des blooms de Phaeocystis dans le fleuve marin côtier, formant lors de sa dégradation un mucus donnant une mousse blanche sur l'estran.


  • un domaine marin, à définir sur des bases biogéographiques, hydro-sédimentaires, géologiques, etc. en considérant notamment les « bouchons vaseux » estuariens, le phénomène dit de « fleuve marin côtier », mais aussi les cellules hydro-sédimentaires et la zone de courant marin située plus au large. Ces dernières résultent de la conjonction de la géo-morphologie côtière et sous-marine, des apports en eau douce, de l'action des marées, des houles et courants. Elles contrôlent la dynamique et circulation des sédiments qui jouent dans ces régions fortement sablonneuses un rôle essentiel, dans la différentiation des écosystèmes marins, de fonds marins et littoraux. Dans cette région ces cellules forment deux complexes bien marqués, mais liés. Ces deux grands complexes hydro-sédimentaires sont en fait marqués par la configuration du détroit et à la résultante globale des courants montants et descendants, l'un au sud et l'autre au nord du cap Gris-Nez.

  • Une part significative de biodiversité marine, et de la biomasse exploitée (poissons, coques...) se nourrit d'une chaine alimentaire qui trouve sa source dans les estuaires. Plus de 1 200 espèces d’invertébrés, et plus de 80 espèces de poissons, crustacés, végétaux et, mollusques ont été inventoriés dans le secteur d’étude du parc par le Programme CHARM (30 de ces espèces faisant l'objet d'une exploitation commerciale intense à régulière), diverses études en biologie marine, et l'Agence des aires marines protégées15. Pour les protéger en tant que ressource durablement exploitable, il est utile voire nécessaire de protéger les estuaires. Parmi les plus de 300 espèces d’oiseaux marins et limicoles, beaucoup dépendent des estuaires ; directement ou indirectement, pour tout ou partie de leur vie.

  • On trouve encore localement des reliques de forêts sous-marines de laminaires (0,11 km² au total dans la zone d'étude du parc) ; devant Audresselles, devant le cap Gris-Nez et ponctuellement au large du cap Blanc-Nez. Laminaria digitata n'est plus présente en 2011 que sur une seule barre rocheuse face au cap Blanc-Nez, alors que 10 ans avant, de petites populations persistaient encore au sud du cap Gris-Nez et à Ault au sud de la Baie de Somme. Comme ailleurs en France les algues brunes de l'ordre des Fucales sont également en régression. Or - ne serait-ce que pour leur rôle d'abri - ces deux espèces jouent un rôle très important pour la ressource halieutique. Le parc pourrait contribuer à comprendre les causes de leur régression et à tenter des plans de réintroduction ou de restauration & confortement des populations survivantes.

  • la zone du parc n'est pas épargnée par les espèces invasives ; le LOG (laboratoire d’océanologie et de géosciences) de Wimereux en suit près d'une centaine d'espèces (90) dont la crépidule (qui commence à poser en Bretagne et localement en Manche de sérieux problèmes en tapissant les fonds au détriment des espèces autochtones)3.

  • Trois entités écopaysagères importantes sont la bande littorale d'estran, le front dunaires et ses laisses de mer. Elles sont particulièrement vulnérables car « avec 77 % de son littoral en érosion, le Pas-de-Calais est le département le plus touché au niveau national », avec des enjeux économiques d'importance (stations balnéaires, tourisme, zones portuaires, espaces protégés, habités ou cultivés menacés. L'écotone « terre-mer » qui se déplace bi-quotidiennement au rythme des marées et cycliquement avec une amplitude plus grande lors des grandes marées est le lien terre-mer qu'il faut surveiller et localement gérer. Cette bande littorale abrite plusieurs haltes migratoires qui sont souvent des Zones de connexion biologique (ZoCoB) importantes et ont une importance supra-européenne (Enjeu = paléarctique nord-occidental pour les oiseaux) ; Ce sont notamment les estuaires et leurs vasières, ainsi que les zones humides arrières littorales. Le potentiel écologique de ces sites n'est pas atteint, mais ils jouent un rôle incontestable pour les poissons (anadromes, catadromes et amphidromes notamment), les organismes des eaux saumâtres, et pour les oiseaux migrateurs entre leurs zones de reproductions circumpolaires et leurs aires d'hivernage jusqu'au centre de l'Afrique. Cette bande est un élément structurant de la Trame verte et bleue régionale et nationale (TVB). C'est ainsi à partir des estuaires que des corridors secondaires de migration sont empruntés par les oiseaux migrateurs, le long des fleuves pour gagner l'intérieur des terres, soit pour rejoindre leur zone de nidification, soit (pour les laridés par exemple) pour trouver un refuge provisoire quand ils pressentent l'arrivée d'une tempête.
Le périmètre "de surface moyenne" présenté à l'enquête publique est présenté comme répondant globalement à la plupart des enjeux marins et de développement durable liés aux activités maritimes et littorales, hormis la sécurité maritime surtout liée au trafic du "rail", et sans aller (dans ce projet) jusqu’au site national des « 2 caps » au nord, avec une largeur fortement restreinte au nord. Une étude récente a montré que paradoxalement c'est sous le rail, là où le trafic est maximal (600 bateaux par jour environ), sur les « Ridens » que les milieux semblent le mieux conservés, probablement uniquement en raison d'une moindre exploitation des fonds16

Les plongées d'observation ont mis en évidence (en 2011) que les biocénoses écologiquement les plus riches et les moins dégradées semblaient concentrées sur les ridens du pas de Calais, précisément sous le « rail », protégées en quelque sorte par l’« autoroute maritime  » qui passe environ 20 m plus haut, en surface, et aussi en raison d'une grande profondeur et de forts courants baignant un milieu hétérogène propice à la coexistence de nombreuses niches écologiques et donc à une biodiversité importante. 

L'importance de ces milieux avait déjà été mise en évidence par l'atlas synthétisant les résultats des études du programme CHARM II, mais à partir de prélèvements faits et non d'observation faites in situ par des plongeurs ou robots, en raison du trafic marchand et de ferries qui rend la zone dangereuse. Des études antérieures ont aussi montré que certaines épaves pouvaient jouer le rôle d'oasis sous-marines pour certaines espèces3, or la plus grande concentration d'épaves de la zone est située au nord-ouest de Boulogne-sur-Mer3, mais nombre d'entre elles sont âgées et s'effondrent peu à peu sur elles-mêmes. 

Une expérience nommée BORA a consisté dans les années 1990 à installer près d'une épave (celle de l’Ophélie, un pétrolier coulé vers 1940, partiellement ensablé et en voie de s'effondrer sur lui-même, non loin de Boulogne) des modules constitués de différents matériaux pouvant entrer dans la composition d'un récif artificiel (des plus lisses à des matériaux rugueux). Elle a montré que la colonisation de ces éléments (même les plus lisses) par des propagules se faisait rapidement en dépit des courants importants et de la forte turbidité de l'eau dans cette partie du détroit.

Qu'est-ce qu'un parc naturel marin ?

Les parcs naturels marins sont financés par l'Agence des aires marines protégées (crée en 2006), mais mis en place via une « mission d'étude » (disposant d'une feuille de route ici signée par les trois préfets chargés de la zone concernée) ; Cette mission a organisé la concertation, produit un diagnostic patrimonial et des écosystèmes, des usages et interactions entre usages et milieux, des cartes de synthèses et des variantes de périmètres possibles, dont l'une (variante moyenne) a retenue par les préfets et soumise à enquête publique en 2011. De même pour une proposition de composition du futur conseil de gestion et une liste de huit grandes orientations. Après enquête publique et validation par l'État, les parcs sont gérés via un « Conseil de gestion » rassemblant des représentants des nombreuses parties prenantes (représentants de l'État, experts, élus locaux, gestionnaires d'espaces naturels, usagers, professionnels, associations...

Ce Conseil de gestion propose un Plan de gestion, valable pour 15 ans et se prononce sur toutes les questions concernant le parc et donne un « avis conforme » sur les activités ayant une incidence sur le parc. Il peut faire des propositions en amont de la réglementation.


sources wikipédia

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