"Démerdez-vous pour être heureux, nous avons besoin de votre bonheur" Père Michel Jaouen


Il y a des gens qui sont peu connus, et qui mériteraient plus que des récompenses, ou des hommages, en tout cas au moins une reconnaissance de la nation.


Le Père Jaouen, (Ja-ou-enne), est de ceux là, un breton d'Ouessant, Père Jésuite, ancien aumônier de prison, fondateur du foyer pour mineurs des Epinettes, et pas sûr qu'il serait heureux de vos considérations, il en profiterait pour vous demander de l'aide destinée à faire perdurer l'action pour laquelle il a consacré sa vie. Son phrasé est  tellement vrais et d'une telle simplicité directe et sans faux col, même à la radio un ton comme celui-ci se fait rare.

Voila un homme qui a pris à la lettre la parole du Christ, en retroussant ses manches, en prenant son cœur et son courage à deux mains.

Un homme de Dieu diront certain, un homme tout court un vrais, diront les athées, peu importe qui ou quoi fait vibrer votre cœur, de Jésus à Jaurès, mais cet homme là et son action ne peuvent vous laisser indifférent.


A l'heure où de nouvelles prisons, plus humaines soit disant, viennent d'ouvrir et sont inaugurées en grandes pompes médiatiques, le Père Jaouen a bien compris que c'est en sortant les jeunes de prison que l'on peut les sauver de l'abîme froide de l'oubli de la nation que sont les univers carcéraux.

Tout le monde sait que la prison ne résout rien et engendre, la déchéance mentale, encourage les comportements suicidaires, socialement et physiquement. Sait ont que les hôpitaux psy, par réduction de budget,  ont fermés leurs portes à toute une population qui se retrouve dans nos prisons ?

Mais que faut il en faire de nos délinquants, nos violeurs, nos petites frappes de grand-mères isolées, des dealeurs à la sauvette qui empoisonnent la santé de nos enfants à la sortie du lycée…Les laisser faire ou les mettre en tôle ?

La question que l’on doit se poser avant de les mettre en tôle, c’est on en fait quoi quand ils sortent de tôle ? On ne va pas les garder toute leur vie en prison bien sûr, alors la solution est où ?

Un exemple cité par le père Jaouen lors de cet entretien sur France-Inter, le fameux et triste sire Mohamed Mérah. Depuis l’âge de 13 ans il a fait 12 allers et  retours entre le tribunal pour enfant et sa famille, puis un jour, à 18 ans, en prison il a rencontré un islamiste qui l’a convaincu que cette société n’était pas pour lui et qu’un autre Dieu pouvait l’aider à se venger du malheur dans lequel il se trouvait. 
Le Père Jaouen accuse la République de ne pas avoir fait son job, son devoir auprès de son enfant Mohamed, et d’avoir construit l’assassin qu’il devint plus tard…

Que reste-t-il à un délinquant, souvent rejeté par l’univers familial, rejeté par la société civile qui le met en prison, vers qui va-t-il se tourner ?
Vers un autre être humain en souffrance, son compagnon de cellule qui va lui transmettre ses peurs, ses espoirs, ses projections de grand malade, et cette amitié de pauvres ères, les guidera vers le gouffre de la haine où les attendent les faux prophètes…

Il faudrait des centaines de père Jaouen pour mettre fin à tout cela, car ce n’est pas en privant un homme des joies de la vie que l’on peut espérer qu’il devienne meilleur.

C’est en lui montrant le chemin de l’ouverture, de l’égalité, de la compréhension, de la considération, du partage, de l'amitié et du devoir d’être un homme au sens le plus noble du terme c'est à dire avoir envie de faire quelques chose de sa vie.

Ecoutez la voix de cet homme de 92 ans, le Père Jaouen, elle s’éteindra un jour … 

CR


Père Michel Jaouen 

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Michel Jaouen

pere jaouen © Radio France - 2012
Naît à Ouessant le 6 octobre 1920.
Grandit à Kerlouan, Finistère, où son père installe son cabinet de médecin.
Commence à 19 ans ses études au séminaire des Jésuites.
Tente de fuir en Angleterre pendant la guerre, par la mer, avec deux de ses frères. Panne de moteur.
Faux papiers au nom de Jean Le Cœur.
Ordonné prêtre en 1951.
A bien failli partir en Chine.
Crée l’AJD, Aumônerie de la Jeunesse Délinquante. Objet social : élargir l’horizon des jeunes sortant de prison , en les invitant à revenir dans le monde.
Devient aumônier à Fresnes.
Comme la mer élargit bien l’horizon, installe une base à Pen-Enez, Landéda, Finistère, sur la dune face à l’entrée de l’Aber-Wrach, avec des baraques récupérées de la reconstruction de Brest.
Construit le Foyer des Epinettes, à Paris, pour accueillir ceux qui sortent de prison. Déjà convaincu que le mélange des gens est la meilleure recette, il en ouvre largement les portes.
Un premier Bel-Espoir, puis un plus grand : il emmène naviguer les délinquants, enrôle en équipage des appelés du Service Militaire, invite qui veut à son bord.
Le Rara-Avis vient agrandir la flotte.
Imprime sa marque en embarquant des toxicomanes.
Mais prêche inlassablement pour le mélange des gens, déteste les ghettos et les vases clos.
Le mélange, le mélange, j’te dirais qu’il n’y a que ça qui marche …
(bio sur le site de l'Associations des Amis du Jeudi-Dimanche)

les amis du jeudi dimanche © Radio France - 2012

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