L’Homme est-il un polygame refoulé ?

Voici une série d'articles sérieux et de qualités, rédigé par Alexis Mandre sur son blog homofabulus.com, sur un sujet qui nous concerne tous et toutes.

Sélectionnés comme parmi les meilleurs articles francophones de vulgarisation scientifique pour le public, c'est brillant et passionnant. CR


Partie 1/3 : l’homme, ce parasite sexuel. 


L’Homme est-il un polygame refoulé ? Partie 1/3 : l’homme, ce parasite sexuel.


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Au catalogue des expressions françaises censées représenter la sagesse des nations, « trouver l’amour de sa vie » m’a toujours paru suspecte. Pas tant dans le fait que l’amour soit une notion difficile à cerner, ou qu’on ait préféré le terme « trouver » aux termes « construire » ou « créer » par exemple. Mais plutôt dans ce « l’ ». Oui ce « elle apostrophe ».
Si le mariage de vos parents a explosé en plein vol comme une bulle de savon dans un jardin d’enfant, si vous avez deux demi-soeurs et trois demi-frères, si votre troisième femme était avare et stupide mais pas autant que la quatrième qui vous trompait avec son ex-mari, vous savez de quoi je parle.

« Ils gâchent chaque amour en essayant de le faire durer éternellement » Oscar Wilde.

jeunes maries plageL’idée de passer l’intégralité de sa vie avec un seul et unique partenaire m’a toujours paru surprenante, inappropriée, et même inquiétante. Je ne dis pas que cela ne peut pas ou ne doit pas arriver (inutile de me saturer des exemples de papi et mamie qui viennent de fêter leurs 70 ans de vie commune). Je dis simplement que si cela doit arriver cela arrivera, mais que notamment parce que nous sommes dans l’impossibilité de savoir ce que l’avenir nous réserve, décider de se lier à vie par avance avec un individu, « jusqu’à que la mort nous sépare », n’est pas un geste beau mais un geste inconscient, irraisonné et générateur de souffrances.
Ces considérations peu révolutionnaires n’apportent rien à la science mais ce sont elles qui m’ont amené à me poser la question, « y a-t-il un type de relation que nous sommes naturellement faits pour avoir, et si oui lequel ? ». Notez bien que cette question est différente de « quel type de relation devrions-nous avoir ? », question qui ne m’intéresse pas et ne sera pas traitée, et différente également de « quel type de relations avons-nous effectivement ? » qui sera abordée plus tard. Revenons donc à la première question.
Quelle est la sexualité de l’homme hors des sociétés modernes ? Quel était le système sexuel de l’homme il y a 10 000, 100 000, un million d’années ? L’Homme est-il monogame par nature, polygame, un mélange des deux ? Dans le langage courant, la polygamie désigne un homme marié à plusieurs femmes, mais c’est un abus de langage : la polygamie désigne également le contraire. Les mêmes préoccupations de système sexuel naturel seront donc étendues aux femmes. Une perspective évolutionniste peut nous éclairer de façon importante sur ces questions, et tout commence à la distinction primaire entre mâle et femelle…

Quand un homme parle mal à une femme, c’est de l’harcèlement sexuel. Quand une femme parle mal à un homme, c’est 3,95 € la minute.

Imaginez être tranquillement en train de marcher dans la rue, à absorber les derniers rayons de soleil d’un soir d’été. Une personne du sexe opposé, parfaitement inconnue mais terriblement attractive, vous aborde et vous dit :
« Bonjour, ça fait un moment que je vous ai repéré(e), et je vous trouve très séduisant(e). Voulez-vous faire l’amour avec moi ? »
Quelle serait votre réaction ?
point-interrogation-question-homme
Hmmm... Question piège ?
Si vous êtes une femme, il y a toutes les chances pour que vous répondiez « non » (comme l’ont fait 100% des femmes dans cette expérience). Vous pourriez être choquée, insultée, ou juste stupéfaite, mais sûrement pas consentante. Si vous êtes un homme, vous seriez au contraire plutôt flatté par la demande et déjà en train de réserver une chambre d’hôtel, comme trois hommes sur quatre l’ont fait dans cette même étude.
Ce n’est pas une révélation et les stéréotypes culturels, bien avant cette expérience de 1989, trahissent une tendance des hommes à être plus enclins au sexe avec de nouveaux partenaires que les femmes. C’est cette différence que je vous propose d’investiguer en remontant à ses origines biologiques.

Qu’est-ce qu’un mâle, qu’est-ce qu’une femelle ?

Si l’on vous demandait la définition d’un mâle, ou la définition d’une femelle, vous répondriez sûrement par des caractères morphologiques (taille, poids, silhouette, organes génitaux…), comportementaux (nutrition au sein, grossesse…) ou génétiques (chromosomes X et Y), caractères qui seraient plutôt anthropocentriques.
De fait, ces caractères fonctionnenthomme-femme-toilettesassez bien pour notre espèce mais déjà beaucoup moins dès que l’on s’éloigne des mammifères : chez les grenouilles par exemple, aucun des deux sexes n’a de pénis. Et comment trouver une définition qui englobe en même temps les différences mâles-femelles chez les végétaux ? Pas facile facile.
Il existe pourtant une réponse. La différence qui semble être retrouvée de manière systématique chez toutes les espèces vivantes possédant cette différenciation mâle-femelle est la taille des cellules reproductrices. Les femelles produisent de grosses cellules reproductrices (ovocytes chez l’être humain), et les mâles de petites cellules sexuelles (spermatozoides).
Aussi insignifiante que cette différence puisse paraître, elle est fondamentale. Il est en effet possible d’interpréter une grande partie des autres différences hommes-femmes à partir de cette première différence, en se servant d’une formidable théorie développée par Trivers dans les années 70.

Le parasite mâle et l’honnête femelle

Cinq cents. C’est le nombre moyen de gamètes qu’une femme produira durant toute sa vie. C’est aussi le nombre moyen de gamètes qu’un homme produit en… quinze centièmes de seconde !
L’ovocyte est à sa formation environ 12 fois plus gros que le spermatozoide, et il est estimé que sa production est un million de fois plus coûteuse que celle d’un spermatozoide.
À quoi sert cette avalanche de chiffres ? A montrer la différence d’investissement entre mâle et femelle au cours de la conception d’un enfant. Lorsque gamète mâle et gamète femelle fusionnent, tous deux contribuent de manière équitable au patrimoine génétique de l’individu à venir : 50 % du matériel génétique est apporté par le père, et 50% par la mère. Par contre, la contribution à l’alimentation de l’embryon est loin d’être égale, comme vous le prouvent les chiffres ci-dessus. La quasi-totalité du développement du zygote se fera à partir des ressources présentes dans le gamète femelle.
spermatozoides-ovocytes
Les parasites dans la dernière ligne droite.
Et ce n’est pas fini : faut-il rappeler que, chez les humains au moins, l’embryon se développe à l’intérieur du ventre de la mère ? À la naissance, le nouveau-né est cent milliard de fois plus lourd que le zygote, et toute cette prise de poids s’est faite sur les ressources de la mère. Et ça continue toujours : la première source d’approvisionnement du nouveau-né sera le sein de sa mère.
Dès le moment de la conception donc, parce que le mâle apporte moins que la moitié des ressources nutritives nécessaires au développement de l’embryon, il a déjà contribué de manière « injuste » à la conception du nouveau-né. En contrepartie, parce que ses spermatozoides sont si petits et lui coûtent si peu à produire, il peut se permettre d’en produire des millions par jour. Et s’il arrivait à copuler avec une infinité de femelles différentes, sa progéniture serait potentiellement infinie !
pou-parasite
On est tous le parasite de quelqu'un, philosophe le pou.
Ceci n’est toutefois possible que si dans un même temps, les femelles compensent la part incomplète du père et apportent à leur progéniture les ressources manquantes pour se développer : ceci s’effectue à travers le gros gamète qu’elles produisent et l’alimentation de l’embryon. Vu sous cet angle, la femelle peut être considérée comme plus qu’honnête dans son entreprise de production de descendants, et le mâle peut être considéré comme un parasite de la femelle.
Au contraire, même si une femelle pouvait copuler avec une infinité de mâles différents, son nombre de descendants serait toujours limité par le nombre d’ovocytes qu’elle peut produire (ainsi que par des périodes de gestations longues chez les mammifères, etc…). Parce que les ovocytes sont gros et coûtent chers à produire, ils sont peu nombreux, et parce qu’ils sont peu nombreux l’espérance de descendants d’une femelle sera toujours en moyenne plus faible que celle d’un mâle.

Un rapport de force inégal

D’un point de vue plus évolutif, et en se concentrant sur l’humain, cela donne cela :
les intérêts de l’homme et de la femme sont les mêmes : afin de propager le plus possible leurs gènes, ils veulent le plus d’enfants possible.
combat homme femme bataille sexes
Ca sera toi qui t'investiras le dernier
- là où ils diffèrent, c’est sur qui doit porter les coûts de cette reproduction. Il est dans l’intérêt de l’un comme de l’autre de ne pas trop s’investir et de laisser son partenaire s’occuper plus de chaque enfant : moins d’investissement dans un enfant veut dire plus de temps et de ressources disponibles pour aller faire d’autres enfants avec d’autres partenaires.
- à ce petit jeu, la femme part désavantagée à cause de ses grosses cellules reproductrices : au moment de la conception, la femme est déjà plus « engagée » envers le zygote que ne l’est l’homme.
Comme le présente Richard Dawkins dans le Gène égoiste,
« [La mère] a plus à perdre que le père si l’enfant meurt. Plus précisément, cela lui coûterait plus cher qu’au père d’amener un nouvel enfant au même niveau de développement. Si elle essayait la stratégie d’abandonner le père et le laisser s’occuper du bébé, pendant qu’elle irait rejoindre un autre mâle, le père pourrait, sans grands coûts pour lui, se venger en abandonnant également le bébé. Par conséquent, au moins dans les étapes précoces du développement d’un enfant, si un abandon doit être fait, on s’attend à ce que ce soit le père qui abandonne la mère plutôt que le contraire. »
De plus, comme nous l’avons vu, la taille de ses cellules reproductrices n’est pas le seul désavantage de la femelle : elle devra également nourrir l’embryon dans son ventre, lui donner le sein… Elle devra, pour reprendre le terme et le concept créé par Trivers, fournir plus d’investissement parental que le père.

L’homme, adapté aux relations à court terme ?

Comment essayer d’étayer cette théorie ? Une des premières choses à faire est de chercher des éléments mettant en avant cette propension des hommes à rechercher une multiplicité de partenaires, notamment de partenaires à court terme. La science a recueilli un ensemble de données physiologiques, psychologiques et comportementales qui vont dans ce sens, et si certaines pourront vous sembler triviales, il est toujours utile d’avoir des preuves scientifiques de ce que l’on avance. Les éléments jouant en faveur de l’hypothèse d’un homme adapté aux relations sexuelles à court terme sont :

Au niveau physiologique,

1/ L’homme est en moyenne plus lourd que la femme, d’environ 20 %.

Cette différence de poids, que l’on appelle « dimorphisme sexuel », n’est pas caractéristique des espèces monogames. Chez les espèces monogames, le dimorphisme sexuel entre mâle et femelle est de 0 % : le mâle n’est ni plus grand, ni plus lourd que la femelle. Au contraire, chez les espèces polygames, on retrouve un dimorphisme sexuel qui peut atteindre 100% et plus comme chez le gorille où le mâle peut être deux à trois fois plus gros que la femelle.
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Le dimorphisme sexuel ne concerne pas que la masse corporelle, mais c'est ce que nous sous-entendrons lorsque nous en parlerons.
Plus de dimorphisme sexuel = plus de polygynie est argument qui avait déjà été avancé par Darwin et qui, en plus d’être simplement confirmé par l’observation des espèces sur le terrain, repose sur la logique suivante :
  • dans les espèces polygynes, par définition, tous les mâles n’auront pas accès aux femelles : il y aura une compétition pour y avoir accès.
  • dans cette compétition, les mâles les plus gros(ou qui, par exemple, ont les canines les plus grosses, autre indicateur de polygynie) seront avantagés, puisque la compétition se règle souvent en combat singulier.
  • ces mâles les plus gros seront donc ceux qui se reproduiront le plus.
  • au fil du temps, leurs gènes leur permettant d’être plus gros que la moyenne se répandront dans la population, et la population ne sera bientôt plus que constituée que de gros mâles.
  • les femelles ne deviennent pas plus grosses car aucune pression de sélection ne s’exerce sur elles à ce niveau-là (elles n’ont pas à se battre pour avoir accès aux mâles).
  • dans une espèce monogame, un individu qui serait un peu plus gros qu’un autre n’aurait aucun avantage adaptatif puisque l’accès aux femelles se fait facilement (c’est à dire sans combattre).
L’Homme, avec son dimorphisme sexuel de 20%, est donc difficilement considérable comme complètement monogame, tout du moins ne l’a-t-il pas été complètement dans le passé.

2/ La masse relative des testicules humains est assez élevée.

gorille
Les testicules humains représentent 0.079 % de la masse total du corps humain, ce qui est plus que dans le cas des gorilles (0.018 %) mais beaucoup moins que dans le cas des chimpanzés (0.269 %). Or il se trouve que ces chiffres sont corrélés avec le type de stratégie sexuelle  qu’emploie chaque espèce. La femelle gorille est monogame, et n’a eu qu’un seul partenaire sexuel pour chaque nouveau-né.  La femelle chimpanzé est en revanche promiscuite (ayant des rapports sexuels avec de multiples partenaires en dehors d’une relation à long terme), et a eu en moyenne treize partenaires sexuels mâles différents à chaque nouvelle naissance. Enfin, il est estimé qu’une femme a eu en moyenne 1.1 partenaire sexuel à chaque accouchement.
La grosseur relative des testicules humains serait donc un reflet de relations sexuelles à court terme courantes, puisque de grosses testicules permettent un avantage évolutif lors de la compétition spermatique.

3/ Lorsqu’un couple fait l’amour après avoir été séparé un certain temps, le nombre de spermatozoides retrouvé dans les voies génitales de la femme est plus important que lorsque le couple fait l’amour tout en vivant de façon continue ensemble (Baker et Bellis).

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Et bien oui que voulez-vous, il faut bien que les chercheurs s’occupent avec l’argent qu’on leur donne. Baker et Bellis ont donc mis en évidence que quand un couple passe seulement 5% de son temps ensemble, près de deux fois plus de spermatozoides sont éjectés lors du prochain rapport sexuel que lorsque ce couple passe 100% de son temps ensemble. Cet effet se retrouve indépendamment de la date de dernière éjaculation de l’homme : même si l’homme se masturbe pendant qu’il est seul, il inséminera plus de spermatozoides au moment du prochain rapport s’il a été séparé de sa partenaire pendant un long moment que s’il se masturbe alors qu’il n’est pas séparé de sa conjointe.
La logique derrière cette particularité est la suivante : cette augmentation d’émission de spermatozoides après séparation est un avantage adaptatif car elle permet d’augmenter les chances de l’homme de voir ses spermatozoides féconder l’ovocyte de sa femme, au cas où celle-ci aurait eu des rapports sexuels avec d’autres mâles pendant la séparation. Cette augmentation du nombre de spermatozoides est un argument en faveur d’une compétition spermatique, donc un argument en faveur de relations à court terme entre hommes et femmes.

Au niveau psychologique :

  • Le désir d’avoir un grand nombre de partenaires sexuels. Pas besoin de vous faire un dessin, quel que soit votre sexe vous savez probablement que l’homme possède un désir important à avoir des relations sexuelles avec une grande variété de personnes. Si vous voulez quand même des chiffres, jetez un oeil au  graphique suivant. En 1993, des chercheurs ont demandé à 16 288 étudiants non mariés à travers le monde combien de partenaires sexuels ils aimeraient avoir dans les trente prochaines années.

Nombre moyen de partenaires sexuels désirés par les hommes et les femmes dans les 30 prochaines années dans dix régions du monde.
Partout dans le monde, les hommes désirent donc avoir toujours plus de partenaires sexuels que les femmes.
  • Le syndrome du « je couche le premier soir » : les hommes sont plus partants que les femmes pour avoir des relations sexuelles peu de temps après avoir fait connaissance. (Pour éviter de me croire sur parole, les expériences associées à ce point ainsi qu’aux deux suivants sont disponibles ici).
  • Les hommes sont moins exigeants que les femmes dans le choix de leur partenaire, en matière d’âge mais aussi d’humour, de richesse, de sociabilité, d’intelligence, etc…
  • Les préférences des hommes sont déplacées vers des femmes montrant des signes de fertilité et d’accessibilité pour des relations à court terme.
  • L‘effet « je vais chercher les croissants » : l’attraction des hommes envers leur partenaire diminue après l’amour
  • L’effet « dernière tournée » : les hommes trouvent les femmes plus attirantes juste avant que le bar ne ferme, indépendamment de la quantité d’alcool consommée. (NB : cet effet existe aussi chez les femmes mais est significativement moins important).
  • Les fantasmes des hommes sont plus nombreux et mettent en scène plus d’étrangères, de partenaires multiples et anonymes que les fantasmes des femmes.
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La prostitution, l'un des marchés du crime organisé les plus lucratifs au monde.
Enfin au niveau comportemental, d’autres indices permettent de penser que l’homme est « fait » pour les relations à court terme : l’existence et l’importance de la prostitution, dont presque tous les clients sont des hommes (les hommes font 1000 fois plus souvent appel à la prostitution que les femmes, et Kinsey trouve que 69 % de tous les états-uniens auraient déjà eu une relation sexuelle avec une prostituée…), le fait que l’homme aurait plus de relations extraconjugales que la femme, consomme plus de pornographie que la femme (en fait 95 % de la pornographie mondiale…), etc…

La poupée qui fait oui

Ces derniers arguments nous ont apporté des preuves en faveur d’un homme non-monogame, mais nous ont paradoxalement également apporté des preuves en faveur d’une femme non-monogame. Comme le résume Robert Smith :
« L’ironie biologique [...] est que les mâles n’auraient pas pu être sélectionnés pour la promiscuité si historiquement, les femelles leur avaient toujours dénié l’opportunité pour exprimer le caractère ».
Ce qui signifie en clair qu’historiquement, si toutes les femmes avaient été entièrement fidèles à leur partenaire à long terme, la tendance masculine à chercher des relations à court terme n’aurait pas pu se répandre dans la population (sauf en cas de rapports forcés, ce qui est un autre problème). Et il n’est pas dur de s’apercevoir mathématiquement que si derrière chaque rapport sexuel à court terme masculin se cache un rapport à court terme féminin, cela signifie que les femmes ont en moyenne autant de rapports à court terme que les hommes !
Problème : n’a-t-on pas dit précédemment que parce qu’elles étaient limitées en terme de cellules reproductrices et très investisseuse dans leur progéniture, les femmes n’avaient évolutivement pas d’intérêt à chercher des relations à court terme ? Si on l’a dit, et on le maintiendra. Les femmes n’onten général pas intérêt à chercher des relations à court terme, mais dans certains contextes particuliers cela peut être différent.
Tout le boulot consiste donc à trouver quels sont ces avantages adaptatifs. La crédibilité des théories sexuelles évolutionnistes étant en jeu, plusieurs avantages évolutifs n’ont pas tardé à être proposés :
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  • L’acquisition de ressources – c’est la promotion-canapé. Les femmes pourraient avoir des relations à court terme en échange de ressources comme de la nourriture, des biens, des services, des compétences ; en échange d’une protection, car les hommes sont enclins à défendre et protéger leur femme et les enfants qu’ils pensent être leurs ; ou encore en échange d’un plus haut statut social.
  • L’avantage génétique. Si votre partenaire masculin est stérile ou impuissant, aller voir ailleurs peut aider à concevoir un enfant. Si votre partenaire masculin à long terme est rabougri, aller voir ailleurs et copuler avec un homme en bonne santé ou de haut statut permet d’obtenir des enfants attractifs. C’est l’hypothèse du fils sexyproposé par Weatherhead et Robertson : en s’accouplant avec des hommes attractifs ayant du succès avec les femmes, une femme augmente ses chances d’avoir à son tour des garçons attractifs ayant du succès avec les femmes (d’où le « fils sexy »), augmentant par là-même son nombre de descendants. Une des raisons peut-être pour lesquelles certaines femmes aiment les bad boys.
  • Le premier pas vers un changement de partenaire. Des relations à court terme peuvent être un premier pas vers un changement de partenaire à long terme en cas de partenaire violent, inattentioné, etc… Cela permet également de faciliter la rupture avec un partenaire à long terme « maladaptatif » en lui fournissant un prétexte facile de séparation.
  • L’évaluation de potentiels partenaires à long terme. Une femme engagée dans une relation à court terme pourrait en profiter pour évaluer les qualités de son partenaire dans le but d’en faire un partenaire à long terme. Si cela est vrai, on devrait en particulier trouver chez les femmes une diminution de l’attraction envers un homme lorsqu’elles apprennent que celui-ci est déjà engagé, ou qu’il possède de nombreuses relations en-dehors d’elle.

Récapitulons…

Il est temps maintenant de récapituler ce que nous avons vu et de recentrer l’article sur la question qui nous intéresse : l’Homme est-il un polygame refoulé ? Nous venons de voir les avantages adaptatifs que les femmes pourraient avoir à effectuer des relations sexuelles sans lendemains. Nous avons également vu en début d’article que dans une étude, aucune des femmes interrogées ne se dit prête à coucher avec un inconnu. Contradiction ? Pas exactement. Les hommes, pour des raisons déjà expliquées, ont dans presque tous les cas un avantage adaptatif direct à avoir des relations à court terme : avoir un nombre de descendants plus grands. Les femmes n’ont pas ce genre de bénéfice direct, puisqu’elles sont limitées par leur anatomie.
En revanche, dans certains contextes particuliers que nous venons de voir, elles peuvent elles aussi bénéficier d’avantages adaptatifs et accorder aux hommes une relation à court terme. Les femmes « choisissent » la stratégie (court terme ou long terme) qu’elles souhaitent adopter en fonction du contexte (l’emploi du terme « choisir » facilite la compréhension mais n’est pas vraiment approprié, ne s’agissant pas de choix conscient à proprement parler ; il serait plus juste de dire que les femmes sont programmées par leurs gènes pour adopter telle ou telle stratégie avantageuse dans telle ou telle situation). En d’autres termes, les femmes contrôlent le nombre de relations à court terme que les hommes peuvent avoir. Les hommes veulent avoir le plus grand nombre de relations sexuelles à court terme possible mais sont limités par le nombre que leur en accordent les femmes, qui leur en accordent uniquement quand cela leur bénéficie aussi d’une manière ou d’une autre.
domination homme par femme
Quand on possède des ressources sexuelles aussi précieuses que celles des femmes, on ne les donne pas au premier venu : parasitées peut-être, mais pas par n'importe qui.
A-t-on cependant répondu à la question : « l’Homme est-il un polygame refoulé ? » À moitié.L’homme et la femme présentent clairement des caractéristiques physiologiques, psychologiques et comportementales qui montrent que notre histoire ancestrale n’est pas un long fleuve tranquille fait de monogamie. Mais nous pourrions avoir été polygames dans le passé et ne plus l’être aujourd’hui (comme sembleraient le prouver nos sociétés occidentales monogames). Ou encore, que se passe-t-il dans les contextes où les femmes n’ont pas intérêt à établir de relations à court terme ? Sans compter qu’avoir des relations à court terme avec plusieurs partenaires ne signifie pas avoir des relations à long terme avec plusieurs partenaires, qui est la vraie définition de la polygamie. Tous ces problèmes seront abordés dans la deuxième partie, où nous commencerons à démonter la dichotomie monogamie / polygamie pour introduire de nouveaux systèmes sexuels d’intérêt, tout en étudiant les avantages évolutifs des relations à long terme pour l’Homme.

L’Homme est-il un polygame refoulé ? Partie 2/3 : la monogamie en série.

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Publié le 2 juillet 2012 par .
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