Laurent Gounelle : Saisir notre destinée pour être heureux

Nous sommes nombreux à nous interroger sur le sens de l'existence. Pourquoi sommes-nous ici, et pour quoi vivons-nous ?
D'après Laurent Gounelle, nous avons tous une mission sur Terre. La découvrir et l'exercer nous conduirait sur le chemin du bonheur et de l'accomplissement de soi.
© Zoé Gardeur


Pouvez-vous me raconter une étape déterminante dans votre vie ?


A 18 ans, j’ai choisi de suivre des études d’expertise comptable sans trop me poser de questions. Pour moi, ma voie était tracée. Mais lorsque je suis arrivé dans le monde de l’entreprise, cela a été le choc. J’ai coutume de dire que j’ai vécu la crise de la cinquantaine à 23 ans ! J’ai réalisé que je n’étais pas heureux. Sur le moment, cela a été très dur. J’ai changé de poste, puis d’entreprise, mais rien n’y faisait, je ne m’y retrouvais pas. Je me demandais ce que j’allais faire de ma vie.

Que s’est-il passé par la suite ?
Si au départ, j’étais à la recherche d’un métier dans lequel je pouvais m’épanouir, très vite, j’ai commencé à me poser des questions plus générales sur le sens que je voulais donner à ma vie. J’ai commencé à lire des ouvrages sur la psychologie, l’analyse transactionelle, la programmation neuro-linguistique, jusqu’à ce que j’aie une révélation et que j’éprouve le besoin de me former à ces disciplines. J’ai suivi de nombreuses formations à travers le monde et rencontré un grand nombre de personnes hors du commun qui ont radicalement changé ma vision du monde et ma trajectoire.

A Bali, vous avez eu une autre révélation. Pouvez-vous m’en parler ?
En 1995, j’ai passé quelques mois à Bali et un jour, j’ai eu un coup de blues. D’ordinaire, c’est très facile d’imputer cet état d’âme à l’extérieur : au métro, au travail, etc… Mais lorsque cela vous arrive à Bali, un lieu d’une beauté exceptionnelle où même les inconnus vous sourient et vous disent bonjour dans la rue, vous comprenez que l’origine du problème est en vous. J’ai ainsi réalisé que le bonheur se trouve à l’intérieur de soi et cela a été une expérience extraordinaire. Je pense que l’un des travers de notre société occidentale est de nous faire croire que le bonheur est à l’extérieur de nous-même, ce qui est une énorme illusion. La publicité, notamment, renforce chaque jour cette illusion.

C’est aussi votre rencontre avec l’inexplicable ?
J’y ai rencontré un guérisseur. Il s’est mis derrière moi et a diagnostiqué une douleur à l’épaule droite sans que je ne lui en parle. Puis il m’a expliqué qu’il allait la faire disparaître par ma cuisse droite. Ses mains n’ont jamais quitté mes épaules, et j’ai vu ma cuisse doubler de volume pendant quelques secondes avant qu’elle ne redevienne normale et que la douleur à l’épaule s’en aille. C’était stupéfiant. Pour la première fois de ma vie, je vivais une expérience que je ne pouvais pas expliquer. Pour moi qui était plutôt rationnel, c’était vraiment troublant. A partir de ce moment-là, j’ai commencé à me dire qu’il y a des choses que l’on ne sait pas expliquer mais qui existent néanmoins…

Avez-vous vécu d’autres expériences marquantes ?
J’ai fait plusieurs voyages initiatiques dont un auprès d’un chamane péruvien. Ce que j’ai appris m’a d’ailleurs beaucoup inspiré pour Le Philosophe qui n’était pas sage. Ce chamane m’a amené à prendre conscience des liens qui existent entre nous, en dehors de notre champ perceptuel. Aujourd’hui, je suis effectivement convaincu que nous sommes tous reliés, et que l’être humain ne peut pas vivre sans les autres, sans la nature, sans affection ni amour. D’ailleurs des expériences l’ont prouvé. Dans certains orphelinats de l’ex-Roumanie, des bébés qui ne recevaient pas d’affection mouraient alors que l’on répondait à tous leurs besoins physiologiques. J’aimerais que les gens en prennent conscience. L’individualisme est selon moi une erreur fondamentale. C’est une illusion de croire que l’on peut tirer son épingle du jeu et s’en sortir tout seul.

Qu’est-ce que cette vision de la vie a changé dans votre existence ?
A partir du moment où j’ai accepté de croire qu’il existe des choses que l’on ne peut pas expliquer scientifiquement, tels que ces liens entre les gens, j’ai commencé à vivre des expériences qui ne m’arrivaient pas auparavant, comme la transmission de pensée. La semaine dernière par exemple, j’ai soudain senti qu’un ami américain de San Francisco qui ne m’appelle qu’une ou deux fois par an, était en train de me téléphoner. Et c’est exactement ce qui s’est produit quelques secondes plus tard. Ce genre d’expériences m’arrive maintenant régulièrement, parce que j’y crois et que je l’accepte.

Quel est votre lien avec la nature ?
J’ai une relation très particulière à la nature. Elle me plonge dans un état de contemplation, mais pas seulement : cela peut sembler étrange, mais je me sens à un certain niveau connecté avec les plantes et les arbres. Je me ressource et me recentre quasiment instantanément en leur présence, ce qui est assez magique. En me remettant en contact avec l’essentiel, cela m’amène à relativiser énormément les problèmes.

Pourquoi la figure du maître est-elle aussi présente dans vos romans ? 
J’ai toujours été séduit par cette figure d’un maître qui a énormément travaillé sur lui. Je pense notamment aux maîtres asiatiques, qui, à un moment donné, vont dispenser cet enseignement. Pendant très longtemps dans ma vie, j’ai été à la recherche de maîtres. C’est pour cela que j’ai beaucoup voyagé. J’allais à la rencontre de sages, de personnes dont le parcours et l’évolution personnelle en faisaient des maîtres à mes yeux, même s’il ne s’agissait parfois que d’enseignants américains à la faculté. Aujourd’hui, je suis convaincu qu’à chaque instant, il est possible d’apprendre de tout évènement et de toute personne. Chacun de nous a quelque chose à apporter aux autres. Tous les jours, par exemple, j’apprends de mes enfants. Je les regarde et j’admire leur liberté, leur insouciance. Elles sont aussi très douées pour remettre en question les idées reçues, m’interpeller sur mes comportements. Ma fille aînée a décidé d’être végétarienne. Et quand j’aborde ce sujet avec elle, du haut de ses six ans, elle me répond très spontanément « Est-ce que tu aimerais être mangé, toi, papa ? » Que répondre à cela ? (Rires).

Est-ce que d’autres personnes ont marqué votre parcours ?
Oui, y compris des rencontres littéraires. Je peux par exemple vous citer deux personnes qui ont énormément compté dans ma vie alors que je ne les ai jamais rencontrées : Milton Erickson, psychiatre américain à qui l’on doit l’hypnose ericksonienne, ainsi que Joseph Campbell, grand écrivain, anthropologue et mythologue américain. D’une certaine manière, les travaux de ces deux hommes ont eu une vraie influence sur ma vie, sur ma vision des choses. Je me suis également nourri de mes lectures. J’ai été inspiré autant par des auteurs que par des personnages de romans, comme l’empereur Hadrien dans les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar. Ce personnage m’a vraiment habité.

Selon vous les rencontres, comme les évènements, sont là pour nous faire grandir ?
J’ai développé le sentiment que les rencontres ainsi que les évènements de la vie ne sont pas le fruit du hasard et sont source d’apprentissage. J’en suis intimement convaincu. Quand j’ai une contrariété, comme récemment une fuite d’eau dans l’appartement, la première chose qui me vient à l’esprit est de me dire que j’ai quelque chose à en apprendre. Cette façon de voir la vie amène à vivre les coups durs très différemment. S’ils ont une raison d’être, s’ils sont là pour vous faire grandir, alors vous ne les considérez plus comme des coups durs, et cela change votre ressenti. L’acceptation est presque un acte spirituel. Plutôt que de lutter, de se dire que ce n’est pas juste ou de commencer à chercher des solutions à tout prix, j’accepte ce qui arrive. Je me dis que si cela a lieu, c’est peut-être que cela doit en être ainsi et peut-être que c’est juste. J’ai exactement la même relation à la maladie. Dès qu’un symptôme se manifeste, je commence par l’accepter. Puis je m’interroge sur le message.

Quel regard portez-vous sur votre parcours aujourd’hui ?
C’est un parcours jalonné d’échecs et de réussites. La réussite est agréable et vous apporte la confiance en soi. Mais ce sont les échecs qui m’ont le plus nourri car ils m’ont amené à me poser des questions qui m’ont véritablement permis d’avancer. Finalement, aujourd’hui, je crois surtout qu’il est vain de chercher à étiqueter des situations en réussite ou échec. Parfois, on pense qu’un événement est négatif alors qu’il n’en est rien. On manque juste, sur le moment, de la vision et du recul nécessaire pour le savoir. C’est en cela qu’il est intéressant d’accepter ce que l’on vit. Ce qui ne veut pas dire être fataliste et ne rien faire.

Tout aurait une raison d’être ?
Je suis intimement convaincu que chacun de nous a un destin, une mission sur Terre. Et c’est peut-être l’un des sens de notre vie : trouver la mission pour laquelle nous sommes faits et l’exercer. Cela demande du travail, de la recherche, de se tromper, de partir dans une mauvaise direction, d’en être frustré et d’apprendre progressivement à écouter son cœur. Ce que l’on ne sait plus faire en Occident. Pour cela, il est important de créer de l’espace. Se préserver ne serait-ce qu’un quart d’heure par jour de silence, seul avec soi-même. Des envies profondes, des idées, des émotions émergent forcément de ces moments là, peut-être pas dès le premier jour, mais cela vaut le coup de persévérer. « Fouille en dedans. C’est en dedans qu’est la source du bien et elle peut jaillir sans cesse si tu fouilles toujours », disait Marc Aurèle.

Quels messages souhaitez-vous faire passer dans vos romans ?
La planète est à l’image de l’état actuel de l’humanité : elle va mal. Etant optimiste, je veux croire qu’il y aura un sursaut de conscience. Si chacun évolue, devient plus heureux, trouve sa place et s’épanouit dans sa vie, tout le monde y gagnera. C’est pour cela que j’écris, pour participer, apporter ma pierre à l’édifice, offrir un insight, une petite étincelle. Comme le conseillait Lao Tseu, il y a 2500 ans : mieux vaut allumer sa petite bougie que maudire les ténèbres…
Le philosophe qui n'était pas sageGounelle Laurent
PLON/KERO (Octobre 2012 ; 330 pages) 

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