Viva la revolución !





Pendant plus de trois années, tous les mois j’ai scruté pour vous, décortiqué, analysé, tenté de vulgariser, les lois et règlements que nous pondaient nos chers gouvernants et parlementaires. J’ai fini par attraper la nausée de voir comment tranquillement, méthodiquement, « on » nous conduisait dans le mur en appliquant des recettes irrémédiablement vouées à l’échec. Comme si la devise était devenue : « On ne change pas une méthode qui perd. »
J’ai levé la plume de peur que mes chroniques, entraînées par leurs sujets, ne commencent à tourner en rond. Je ne reviens donc plus qu’épisodiquement… pour constater que nous allons toujours dans le mur. Seul le ton du klaxon a changé.

Alors, en voyant que les prédateurs sont toujours épargnés par la rigueur, que les plus pauvres paient toujours plus pour les plus riches, que la politique extérieure est, comme jamais, asservie à l’Empire américain, lui-même tenu au licol par ses financiers, que l’Europe est aux ordres des lobbies, alors en voyant tout cela, je me suis dit que la théorie du complot avait du bon.
Oui, tout bien pesé, je préfère me dire qu’il y a au-dessus de nous un ogre sanguinaire qui prend soin de nous comme le ferait le fermier de son bétail avant de l’envoyer à l’abattoir. C’est rassurant en fin de compte. Si si, rassurant.
Ce n’est qu’un point de vue, certes, mais je préfère ça à l’idée que nous sommes dirigés par d’incommensurables incompétents.
Parce que la seule alternative à la théorie du complot, c’est l’incompétence généralisée, alors, vive le complot !
Me Simon


Chronique de Maître Simon Gaston Levoisin 

Monsieur le Président, Cher François,

J’espère que vous me permettez de vous appeler François, vous savez, depuis votre
prédécesseur Valéry, les présidents, c’est plus comme avant. On les voit tout le temps à la télé,
on suit leurs vacances et tout ça, c’est comme si on les connaissait bien, ils font presque partie
de la famille. Regardez ce grand échalas de Jacquot, c’était peut être un super menteur, un
tricheur et tout ce que vous voulez, mais il était sympa en diable ce type là. Il n’y a que
François 1er, lui il était plus distant. Mais on l’appelait quand même tonton. C’est vrai, on a eu
l’autre énervé qui brassait du vent et qui voulait tout décider. Il est comme ma belle mère celui
là, on le supporte pas longtemps.
Quand on l’a foutu dehors, ça a fait tout calme d’un coup.

Bon, mais c’est pas ça que je voulais vous dire.
Vous voyez, moi, je suis un français très moyen, attention hein, pas moyennement français, là
non, j’aime mon pays et j’en suis fier. Bref. J’ai pas beaucoup d’éducation et je sais pas faire
des belles phrases comme mon voisin, le Maître Simon, l’avocat. Moi je vois les choses et je
dis comme je le pense.
Et bien mon François, là je vous le dis : attention, ça va péter.
Je sais pas ce qu’ils vous disent ces messieurs savants de la promotion Voltaire, mais y voient
pas tout.
Dans les palais de la République, les fenêtres n’ouvrent pas sur le pays. Les jardins à la
française, ça n’existe pas dans la nature, c’est les jardiniers qui font ça pour faire croire au
prince que tout est bien réglé, au carré, que tout marche droit, qu’ils maîtrisent tout. C’est pas
comme ça la vraie vie.
Moi et mes potes, on en avaient vraiment marre de l’énervé d’avant, on voyait bien qu’il avait
pas d’éducation, qu’il savait même pas où il allait et que c’est la castagne et la tune qu’il aimait.
Comme disait mon voisin : « Cet homme là ne sert pas la fonction, il s’en sert. ». Aux élections,
même un social démocrate mou au charisme ostréicole (celle là c’est Simon qui me l’a soufflée)
aurait pu le battre. Sauf votre respect, c’est ce qui s’est passé.
Moi, j’ai voulu y croire. J’avais pas voté pour vous aux primaires (je préférais le discours du beau
gosse), mais je voulais y croire quand même. Je me disais que, peut être une fois président (moi
président, moi président, c’était fort ça ! ), vous vous souviendrez que le PS, avant, c’était un parti
de gauche et qu’il prônait des valeurs humaines de solidarité et de partage. Ces belles valeurs
de votre discours du Bourget.
Mais voilà, c’était avant. Maintenant, vous avez tous les mêmes mots, les mêmes peurs, les
mêmes maîtres. C’est normal, vous sortez tous du même moule qui a été fait juste exprès pour
produire les braves petits soldats (qui se croient des généraux) de l’armée de cette élite financière
au cœur sec.
Monsieur le Président, Cher François, nous les gens, on n’a peut être pas fait les écoles et on
ne sait pas lire un contrat d’abonnement Orange Mobile (d’ailleurs personne ne sait lire ces
contrats, ils sont pas fait pour ça), mais on n’a pas besoin d’avoir fait Science Po et l’ENA pour
comprendre des choses simples que vous n’avez pas l’air de saisir. Alors, en toute modestie et
parce que j’ai pas oublié que mon grand père, un vieil SFIO acharné, me disait toujours que la
démocratie c’est le pouvoir du peuple par et pour le peuple, je vais me permettre de vous dire
deux ou trois choses toutes bêtes, tellement bêtes, que plus personne là haut, chez vous, ne
s’en souvient, tellement ils sont intelligents.
Tenir un pays, c’est pas tenir une comptabilité bien propre pour que le commissaire aux
comptes de Bruxelles soit content et certifie le bilan… afin que le banquier puisse encore
prêter.
Dans le plan comptable, il n’y a que des chiffres, froids, implacables secs. Il n’y a pas de place
pour le plaisir de vivre ensemble, pour la fierté du travail bien fait, la joie que procure la
musique, la vision d’une forêt qui s’éveille et d’une mer démontée, pas de place pour cet
enfant qui aide une vieille dame à traverser la rue, cette retraite que l’on accepte modeste mais
que l’on veut paisible, l’effort mais aussi la fierté pour cet enfant qui va faire des études
supérieures, pas de place non plus pour l’ingéniosité de cette mère qui dilue les difficultés de la
vie dans des torrents d’amour, pour cette main qui caresse, pour ce sourire qui réchauffe.
Pour le bonheur. « Le but de la société est le bonheur commun. Le gouvernement est institué
pour garantir à l'homme la jouissance de ses droits naturels et imprescriptibles » disait l’article
1er de la déclaration des droits de 1793 (c’est Simon qui m’a soufflé).
Dans l’Etat que vous présidez, il n’y a rien de tout ça. Il n’y a que des chiffres et des
marchandises à vendre. Plus il y a de catastrophe, de guerres, de destructions, plus votre PIB
augmente et vous êtes content : croissance ! Ce pays là n’existe pas Monsieur le Président.
Dans mon pays, il y a des vrais gens et les vrais gens, ils se moquent pas mal de savoir si « le
déficit structurel permet de ne pas tenir compte des effets momentanément déformants des aléas
de la conjoncture».
Nous l’Europe, on la voulait, parce que l’idée était excellente. Il n’y a que de voir mon petit
qui a suivi le programme Erasmus et qui s’est fait des amis partout, l’Europe comme ça, elle
est belle. Mais ce truc qui se mêle de tout, qui nous empêche de semer nos graines pour qu’on
achète celles des multinationales, celle qui veut nous presser comme des citrons pour que les
banques soient payées, celle là, on en veut pas. Elle sert à quoi ? elle sert qui ? Et demain, avec
le traité transatlantique, elle va même nous obliger à importer du poulet à la javel et à nous
soumettre pieds et point liés à l’Empire.
Et vous dites que vous gérez en bon père de famille ? Mais le bon père de famille fait tout
pour sa famille, même si c’est illégal : il est prêt à voler pour nourrir ses enfants, il ne les
égorge pas pour payer son banquier.
Je ne vais pas vous donner une leçon de politique, on dit que vous connaissez pas mal le sujet.
Pourtant, il y a quelque chose que je ne comprends pas de la part de quelqu’un d’aussi
intelligent que vous. Pourquoi faites vous une politique de droite alors que vous savez que la
droite ne votera jamais pour vous et qu’en faisant ça, la gauche non plus ? C’est étrange parce
que s’il y a une chose, et pas la plus noble, que les politiques font bien généralement, c’est
d’assurer leur fromage réélection. Même pas. C’est à croire que vous préparez soigneusement
le lit de la droite la plus dure. Et pour longtemps.
Ou alors, vous êtes bien plus fort que l’on croit, et vous avez un sens du bien public et du
sacrifice hors du commun : vous poussez volontairement jusqu’à l’écœurement la logique d’un
système pour faire la démonstration de son caractère génocidaire et forcer ainsi le peuple à
prendre conscience et à réagir enfin. A reprendre son destin en mains. A créer le monde de
demain. Tout ça parce que vous savez très bien que les prédateurs n’abandonnent jamais leur
position de leur plein gré, seul un choc terrible les fait chuter.
Mais oui, c’est ça. En fait, sous les apparences du benêt (excusez la franchise), se cache un
véritable révolutionnaire.
Et dire que je ne m’en étais pas rendu compte avant.
Viva la revolución, compañero !


Gaston Levoisin.

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