Interdiction de la fessé


 UNE INTERVIEW CINGLANTE D’EDWIGE ANTIER

Commentaire de Olivier Soulier.
Une interview simple et juste ou tout est clairement dit.

Dans la suite de ce que nous avons publié avec les diverses études sur les conséquences organique et psychiques de violence ordinaires faites aux enfants.
Paris, le samedi 14 décembre 2013 – Le Conseil de l’Europe a récemment déploré la position de plus en plus isolée de la France. C’est en effet l’un des rares pays de l’Union européenne à n’avoir pas légiféré pour interdire les violences éducatives, soit les gifles, fessées et autres petites tapes. Campagne de sensibilisation, proposition de loi, pétition : les initiatives ont pourtant été nombreuses ces dernières années pour faire rentrer (avec douceur) la France dans le « droit chemin ». Elles sont demeurées ignorées. Les défenseurs de cette cause ne s’avouent cependant pas vaincus, telle la pédiatre Edwige Antier qui lorsqu’elle était député déposa une proposition de loi sur ce sujet. Elle revient avec nous sur les raisons pour lesquelles l’interdiction des violences éducatives doit selon elle être préconisée et s’applique à démonter les arguments le plus souvent avancés par la partie adverse. Cinglant.
JIM.fr : Pourquoi préconisez-vous l’interdiction des violences éducatives ?
Edwige Antier : Parce qu’aujourd’hui, non seulement mon expérience de pédiatre sur deux générations mais les travaux des psychiatres et sociologues en particulier anglo-saxons, montrent les conséquences de la violence éducative : baisse de l’estime de soi, agressivité ou soumission excessive, dissimulation, réduction des facultés cognitives et augmentation de l’échec scolaire, plus grande fréquence des maladies psychiatriques… L’imagerie médicale vient démontrer l’impact sur des zones importantes du cerveau en développement.
Les mauvais prétextes de ceux qui refusent d’interdire de lever la main sur un enfant
JIM.fr : Que répondez-vous à ceux qui mettent en avant la difficulté d’application d’une telle loi ?
Edwige Antier : C’est un alibi. La plupart des pays européens ont légiféré et parviennent très bien à appliquer la loi. Elle est accompagnée de campagnes dirigées vers les parents, les éducateurs, les enfants. L’inscription dans la loi est indispensable pour que les violences cessent. C’est une loi pour le code civil et le code de la famille, pas pour le code pénal. Elle est adossée à des mesures d’aide à la parentalité pour les parents en difficulté.
JIM.fr : Quelle est votre réaction face à ceux qui estiment que l’Etat n’a pas à interférer dans des questions aussi privées ?
Edwige Antier : On a objecté le même argument lorsque l’on a légiféré récemment contre la violence faite aux femmes. La vie privée ne doit pas servir de huis clos permettant de frapper les plus faibles. Le prétexte est aussi de ne pas entraver l’autorité des parents. Mais la main levée est déjà une perte d’autorité. Pour se justifier, on dit « tu l’as bien mérité ! », tandis que d’autres affirment que si elles sont devenues des « personnes bien », c’est grâce aux gifles ou fessées qu’elles ont reçues. Mais au contraire, elles endurcissent le plus souvent (« même pas mal ! ») ou rendent sournois et introverti. Ayant été frappés dans leur enfance, les Français revendiquent à leur tour ce « droit de correction » (sic !) qu’ont tant utilisé leur parents. Sous prétexte de vie privée…
Les mauvais prétextes de ceux qui lèvent la main sur un enfant
JIM.fr : Que pensez-vous de l’analyse soutenue par certains spécialistes en Suède qui estiment que l’interdiction des châtiments corporels a favorisé l’émergence d’une génération d’enfants tyranniques ?
Edwige Antier : Ce ne sont pas des « analyses » approfondies, mais juste un reportage filmant une scène genre « Super Nanny » sur France 2 qui a voulu faire croire que la Suède était peuplée d’enfants tyrans ! Les pays scandinaves ont les meilleurs résultats dans les apprentissages et le respect des maîtres. Les éducateurs suédois que j’ai rencontrés sur place comme les membres scandinaves du Conseil de l’Europe témoignent de la baisse de l’agressivité et du plus grand respect de l’autre depuis l’abolition de la main levée.
JIM.fr : En tant que pédiatre constatez-vous une augmentation des cas de maltraitances en cette période de crise ?
Edwige Antier : Je travaille dans beaucoup de crèches, il est certain que les parents sont surmenés et anxieux, et donc facilement énervés. Nous faisons un travail inlassable d’aide à la parentalité. Mais c’est surtout le concept de « l’Enfant-Roi » qui sert de prétexte à la maltraitance ordinaire… Un concept qui nuit à la réponse adéquate aux besoins des tout-petits et entrave le développement de l’empathie, si nécessaire pour une société humaine !
Propos recueillis par Aurélie Haroche
Les intertitres sont de la rédaction du JIM.fr
Publié le 14/12/2013

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