Le Maître Jésus : les Apôtres
Les apôtres
(Extrait du séminaire “Enseignements premiers du Christ” de Daniel Meurois – Québec 2004)
Voyons maintenant les personnalités très
diverses des apôtres, ceci afin de savoir à qui on avait à faire. Tout
d’abord, ils n’étaient pas douze comme on le prétend. Bien sûr, il y a
les douze dont on parle traditionnellement mais le 12 est surtout un
chiffre ayant une certaine valeur sur le plan symbolique et cosmique.
Donc, les premiers pères de l’Eglise, ceux qui ont structuré la religion
chrétienne, ont fixé ce chiffre douze, plus en raison de la symbolique
qu’en raison de ce qui s’était vraiment passé dans les faits...
Il est vrai qu’à un moment donné, je me
souviens très bien qu’il y en avait douze à être conviés à certaines
réunions plus privées. Mais, ceci dit, on a mis du temps à prendre
conscience qu’il y avait peut-être douze personnes plus particulières
que d’autres. Mais, très souvent, on se retrouvait 15, 20, 30, 50, voire
beaucoup plus, à marcher ensemble sur les chemins de Palestine. En tout
cas, cette notion des douze apôtres ne nous habitait pas du tout à
l’époque.
Il est clair que ça ne ressemblait pas
du tout à ce qu’on a pu voir dans les films. Comment dire ? Comment cela
se passerait aujourd’hui si quelqu’un prenait la parole sur une place
publique en montrant un certain charisme ? Il ne va pas aller chercher
du monde dans la foule, n’est-ce pas ? Cela va se faire petit à petit,
par le jeu des affinités, des amitiés qui se louent, puis quelqu’un va
se dire : “tiens, allons lui parler, ça m’intéresse” ; alors, on va le
voir et lui nous dit de revenir le voir, etc… et ainsi, il y a alors des
petites rencontres qui se font au fil des semaines, ce qui fait que, à
force, il se crée une sorte de famille d’âmes.
Puis, autour de cette famille d’âmes –
qui constitue finalement un noyau au bout de quelques mois – il y en a
d’autres qui viennent se greffer, puis il y en a qui changent d’avis et
qui partent. Il y a eu effectivement des apôtres de la première heure
qui ne sont pas restés. Il y a eu des disciples qui furent emballés
pendant les premières semaines, les premiers mois, puis qui ont eu des
rappels familiaux ou bien qui ont eu peur de se faire embarquer dans des
affaires politiques. Certains sont revenus par la suite, d’autres pas.
Il y a eu même un apôtre de la première heure, un Jacques (mais pas
celui dont on parle dans les évangiles) qui est mort très rapidement.
Bref, vous voyez, ce n’était pas ce
qu’on pense habituellement. C’était un groupement humain qui était
extrêmement mobile, et où, finalement chacun a fini avec les mois et les
années par avoir une sorte de fonction, de rôle. Il y en a qui étaient
plus habiles à un travail manuel, d’autres qui étaient doués pour parler
en public ou pour collecter quelques fonds car il en fallait aussi.
D’ailleurs, cette notion financière à aussi son importance car on parle
toujours de Jésus qui, pendant trois années officielles, a marché à
travers la Palestine mais personne nous dit comment il a vécu.
Officiellement, on nous dit que c’était
quelqu’un de pauvre, d’une famille très très humble, charpentier…mais
alors comment as-t-il vécu ? Si, aujourd’hui, quelqu’un tend la main
dans la rue pour vivre, on dira “c’est un quêteux” et on ne fera pas
attention à lui. Est-ce que cela veut dire que Jésus a tendu la main
pendant trois ans ?
Non, bien sûr ! Cela veut dire qu’il
était entouré également de personnes qui avaient les moyens, comme
Joseph d’Arimathie, tout comme Zacchée et bien d’autres dont on parle
dans les évangiles, mais aussi des personnes moins connues ou inconnues,
dont le nom ou la notoriété n’a pas survécue, et qui faisaient des dons
à la petite communauté.
Aujourd’hui, avec notre mentalité
occidentale, on dirait qu’il se faisait… entretenir ! C’est vrai, mais
on ne voyait évidemment pas les choses comme ça à l’époque, parce qu’on
estimait que le bien-être de quelqu’un qui vouait sa vie à une mission
divine, à une mission d’enseignement, était de la responsabilité
collective*. C’est une mentalité qu’on ne peut pas avoir aujourd’hui
dans le monde occidental parce qu’il y a toujours des gens qui en
profitent, qui en abusent, puis aussi parce qu’on est dans un monde qui
accorde une place secondaire (si ce n’est tertiaire ou quaternaire) aux
questions d’ordre métaphysique. Par contre, dans un pays comme l’Inde,
c’est encore une notion qui est tout à fait normale !
Donc, Jésus a effectivement vécu des
dons des uns et des autres, mais il faut savoir aussi que la famille
dont il était issu n’était pas aussi pauvre qu’on le prétend
officiellement. Son père n’était pas un pauvre charpentier, c’était
d’abord le grand responsable de la Fraternité Essénienne et, pendant
bien des années, il avait été le Prêtre du Temple Essénien de Jérusalem,
de la Fraternité d’Héliopolis. Donc, c’était bien une autorité dans le
pays, c’était quelqu’un qui était connu dans certains milieux. Il
travaillait bien le bois, effectivement, c’était son métier, mais
c’était quelqu’un qui recevait également beaucoup de cadeaux. La famille
de Jésus n’était donc pas la dernière famille du peuple et Jésus n’est
pas né dans la fameuse mangeoire de la crèche. Il est né dans un des ces
Bethsaïd dont j’ai parlé dans “De Mémoire d’Essénien” : les Bethsaïd
étaient des sortes de petit hopitaux, des dispensaires, qui étaient mis
en place par la Fraternité essénienne, sur les territoires de Judée, de
Samarie, bref, un peu partout en Palestine.
Ces Bethsaïd étaient simples, mais pas
du tout pauvres comme on peut le concevoir aujourd’hui. De même, la
famille de Jésus vivait dans un état de frugalité, de simplicité, mais
pas de dénuement. Il n’y avait pas de misère dans la Palestine de cette
époque-là telle qu’on peut la trouver aujourd’hui dans les pays du
Tiers-Monde. Il y avait effectivement des pauvres mais les gens ne
mourraient pas de faim, il y avait une sorte d’équilibre social et les
familles dont était issus Jésus et les apôtres étaient, en général, d’un
milieu social au-dessus de la moyenne. Parmi les apôtres ou disciples,
il y avait, bien sûr, de simples pécheurs (poissonniers), mais c’était
déjà des gens qui savaient tirer leur épingle de la société.
Donc, il ne faut pas mettre la pauvreté
au rang des vertus qui étaient systématiquement cultivées par les
enseignements du Christ, tout comme on l’a prétendu pendant deux mille
ans. La simplicité était enseignée mais pas nécessairement la pauvreté
pour elle-même. Je crois que la notion de pauvreté a été mise en exergue
par l’Eglise catholique et chrétienne, surtout dans un but de
domination du peuple et pour s’enrichir de son côté !
Enfin, tout a sa raison d’être, il ne
s’agit pas de critiquer quoi que ce soit mais c’est pour dire qu’il faut
véritablement essayer de se replacer dans le contexte de l’époque et de
ne pas faire dire au Maître Jésus ce qu’il n’a jamais dit.
En quelque sorte, il y a une petite
parole que l’on retrouve beaucoup en France et qui traduit assez bien sa
façon de voir les choses. Le fond de sa pensée était que si la richesse
n’est pas une qualité, la pauvreté n’est pas une vertu. Evidemment, on
n’avait pas à rechercher la pauvreté et le Maître Jésus prêchait plutôt
une forme d’abondance…mais nous en reparlerons plus loin.
Revenons aux apôtres et à ce groupement
qu’ils constituaient et qui était assez informe, qui allait et venait…
Dans ce groupe d’apôtres, il y avait quand même des personnalités qui se
détachaient des autres. Dans un groupe d’humains, il y a toujours des
gens qui montrent un peu plus le bout de leur nez, soit parce qu’un
maître va les chercher, soit parce que, tout simplement, leur
personnalités, plus affirmées que celle des autres, fait qu’ils ont
envie et qu’ils ont besoin de se mettre en avant.
Pierre, par exemple, (qui, comme chacun
le sait, s’appelait Simon à l’époque ) avait besoin de se mettre en
avant. Ceci est clair.
Jean, qui s’appelait Eliazar, avait
également besoin de se mettre en évidence, mais, à l’inverse de Pierre,
il n’osait pas le faire et c’est pourquoi il développait une sorte de
frustration. J’en parle un peu dans “Chemins de ce temps-là” : il
voulait faire comme le Maître, il avait besoin de se sentir valorisé au
côté de Jésus, mais, contrairement à Pierre, il n’osait pas beaucoup
prendre la parole en public. Mais c’était néanmoins une personnalité qui
se faisait remarquer parce qu’il était pratiquement, avec Judas
l’Iscariote, le seul lettré de toute l’équipe. Alors, quelques fois,
Jean avait tendance à snober un peu le monde.
Attention : je dis cela non pas pour
rabaisser ces personnes mais pour bien faire comprendre que c’était des
gens qui, comme le Maître Jésus, n’étaient pas figés dans un moule de
béton, ils ne sont pas nés saints comme ça par miracle ! On a toujours
tendance à penser qu’ils étaient des êtres assez parfaits, et que,
lorsqu’ils sont arrivés là, ils ont de suite pris leur auréole, etc…
mais ce n’est pas ça du tout, ils avaient aussi leurs propres problèmes,
quelques fois leurs propres complexes, leurs propres handicaps à
dépasser.
Par exemple, Pierre avait besoin de se
montrer et, très souvent, il a été un peu ramené à l’ordre parce qu’on
trouvait qu’il parlait un peu trop fort et, quelques fois, mal à propos.
Jean, lui, n’osait pas mais il voulait.
On le snobait aussi un peu parce qu’il en savait visiblement plus que
les autres, il savait écrire et lire, et aussi parce qu’il avait été
instruit par la Fraternité Essénienne. C’était, avec Thomas, le seul des
disciples les plus proches à faire partie de la Fraternité Essénienne.
Alors, à cause de cela, beaucoup de gens le regardaient un peu de loin,
il était un peu à part, il ne faisait pas partie des gens facilement
abordables si je puis dire.”
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