Pierre Rabhi : « Le problème est de savoir s’il y a une vie avant la mort »



Capture d’écran de Jean-Marie Le Clézio et Pierre Rabhi sur le plateau de « La Grande Librairie »(France 5)

Étourdissant face-à-face, jeudi soir, entre Jean-Marie Le Clézio et Pierre Rabhi sur le plateau de « La Grande Librairie », l’émission de François Busnel sur la France 5. Un condensé incroyable d’émotion et de simplicité assumée sans jamais le moindre soupçon de forfanterie.
Comment rendre compte de la richesse d’un tel échange ? Comment illustrer la luminosité des propos qui volèrent si haut ce soir-là ? J’ai trouvé. Je vais vous reconstituer en condensé la discussion qui opposa – opposa ? – ces deux personnages d’exception.

JM Le Clézio, prix Nobel de littérature, face à P.Rabhi, paysan écrivain, créateur du mouvement Colibris.

Pierre Rabhi :  "le bien suprême, est la joie d'exister, il n'y a pas de plus élevé. La joie s'accompagne d'une légèreté, d'une libération très importante, pour moi c'est le bien suprême parce qu'il n'est accessible par aucune matière, encore moins l'argent. La joie vous la trouvez chez les gens qui n'ont pas grand chose. Ils ont cette saveur de la vie, ils goûtent cette vie de tous les jours comme un élixir, comme quelques chose de très élevé, et quand on vient vers les pays qui vivent dans l'abondance, on s'aperçoit qu'elle n'existe pas...Alors on peut faire le choix de l'auto-limitation, c'est une ascèse, un choix, c'est très beau, je prends la décision d'ajuster ce qui m'est nécessaire de façon de ne pas aliéner ce qui ne relève pas de la matière, mais qui relève de l'esprit.
L'esprit aujourd'hui a très peu de place, la beauté a désertée notre environnement. Alors on va chercher de la beauté factice, mais la beauté réelle qui devrait être incluse et poétisée notre vie, elle n'est plus là "

Une émission à revoir avec bonheur en vidéo en lien au bas de cette page .C.R.

Le choix de la beauté


Jean-Marie Le Clézio :

« Cette joie d’exister, je ne l’ai pas atteinte personnellement, mais je l’ai rencontrée chez les indiens embera du Panama. Des êtres tout à fait exceptionnels qui vivent dans un milieu difficile et qui ont décidé de le préserver car ils savent qu’ils n’ont pas de monde de substitution. »
PR : « Quand nous avons décidé en 1961 de vivre cette aventure précaire dans cette ferme ardéchoise isolée dans un milieu à peine praticable, nous avons fait le choix de la beauté plutôt que celui de la rentabilité. Ce qui nous a déterminés, c’est le beau paysage, le silence, la beauté de la nature. Ça, ça ne figure jamais dans un bilan. »

Faire sa part

Jean-Marie Le Clézio :
« Quand j’avais 10 ans, j’ai découvert l’histoire des “femmes de la mer”, au Japon et en Corée du Sud. Leur travail consistait à pêcher en apnée, lestées par des cailloux, avec juste un masque de protection. Je les ai rencontrées soixante années plus tard. Elles sont devenues vieilles entre-temps. Je les ai vues sortir de l’eau, à près de 80 ans. Quand elles sortent de l’eau, elles poussent un cri et il y a quelque chose de prodigieux dans cette union entre ces femmes et la mer. »
PR : « Un jour, un gigantesque incendie de forêt paniqua les animaux qui y vivaient. Seul, un tout petit colibri jetait inlassablement goutte d’eau après goutte d’eau sur les flammes. Un tatou l’interpella : “Tu ne penses tout de même pas éteindre le feu avec tes gouttes d’eau !” “Je sais”, dit le colibri, “mais moi je fais ma part”. »
JMLC : « Mon héros condamné pour crime part au bout de monde pour y trouver la mort, pour se suicider. Mais il n’aura pas à le faire. Il sera pris par la beauté des éléments, par la force de ces femmes de la mer, et par une enfant qui lui apporte une sorte d’illumination de la vie. J’ai écrit cela [“Tempête”, éd. Gallimard, 2014] parce que quel que soit le degré d’abjection de la société, il y a toujours une rédemption possible. »

« Ça m’est égal, l’endroit où je vais mourir »

Pierre Rabhi :
« Nous sommes tous un peu prisonniers, pétrifiés dans notre histoire. Ce qu’il faut, c’est transcender cette histoire, nous libérer de cette histoire qui nous englue. »
JMLC : « Ça m’est assez égal, l’endroit où je vais mourir. Ce n’est pas mon obsession que de construire un mausolée, un tombeau. Parce que je suis plus proche de la fin que du début, je vois ce moment arriver sans aucune crainte. J’avais davantage de craintes de la mort quand j’avais 15 ans. Ce n’est pas important de survivre à sa mort. »
PR : « Le grand problème, ce n’est pas de savoir ce qui va se passer après la mort, mais s’il existe une vie avant la mort. »

Pierre Rabhi et J.M. Le Clézio à La Grande... par conscience33

Le Yéti
voyageur à domicile
Publié le 11/04/2014 à 14h43



Commentaires

Christine a dit…
Bonheur partagé!

Peut-être sera-t-il possible de faire figurer en fin d'article le discours attribué au chef amérindien Seattle en 1854?

Ce texte est superbe, chère Christine, malgré qu'il soit plus que certain qu'il soit un faux. Il tellement beau qu'il mérite malgré tout d'être lu. Pierre Rabhi lui est vrais et là est l'essentiel.

A lire sur http://www.psyvig.com/default_page.php?menu=1040&page=2
Christine a dit…
Merci pour le lien qui permettra aux lecteurs intéressés de découvrir le texte et son histoire. Au-delà de la controverse une chose est sûre: c'est bien l'Amour de la Terre qui touche nos cœurs...

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