Animaux et extraterrestres, défricheurs de conscience
Et si nous nous mettions, l’espace d’un
instant, à la place des animaux maltraités par l’homme ? C’est ce que
propose le philosophe Richard David Precht à son fils dans son livre «
Pourquoi j’existe ? », à travers une petite histoire qui ouvre les yeux
plutôt deux fois qu’une !
Après avoir bien joué dans le parc d’à côté, Oskar a faim et nous nous
dirigeons vers la Schönhauser Allee où nous nous achetons chacun une
saucisse au curry que nous dévorons sur place, devant le stand. Et c’est
à ce moment que me vient l’idée de poser une question à Oskar. Est-ce
que ce que nous faisons en ce moment, manger une saucisse, est bien
correct ? Car la saucisse est faite avec de la viande. Et cela nécessite
que l’on tue des animaux, en l’occurrence des cochons. A-t-on le droit
de faire ainsi mal aux animaux... ? Je raconte à Oskar l’histoire
suivante :
Imagine qu’un jour des êtres inconnus venus de l’espace débarquent sur
notre planète. Des êtres comme dans le film américain à grand spectacle Independence Day
: incroyablement intelligents et largement supérieurs à l’être humain.
Comme on n’a pas toujours sous la main un président des Etats-Unis prêt à
se sacrifier dans un avion de chasse et qu’il n’y a pas cette fois de
génie méconnu pour paralyser les ordinateurs des extraterrestres grâce à
des virus terrestres, ces êtres inconnus ne mettent pas longtemps à
vaincre l’humanité et à la parquer dans des lieux fermés. Commence alors
une période de terreur sans précédent. Les extraterrestres se servent
des êtres humains à des fins d’expérimentations médicales ; avec leur
peau, ils font des chaussures, des sièges d’automobile et des abat-jour ;
ils utilisent même leurs cheveux, leurs os et leurs dents. En plus, ils
mangent les humains, surtout les enfants et les bébés, parce qu’ils
sont bien tendres et que leur chair est délicate.
Un humain fraîchement tiré de son cachot afin de servir de cobaye pour la médecine se met à invectiver ces créatures venues d’ailleurs : « Comment pouvez-vous faire des choses pareilles ? Vous ne voyez donc pas que nous avons des sentiments, que vous nous faites mal ? Comment pouvez-vous prendre nos enfants pour les tuer et les manger ? Vous ne voyez pas à quel point nous souffrons ? Vous ne vous rendez pas compte à quel point vous êtes cruels et barbares ? Vous n’avez donc aucune pitié et aucun sens moral ? »
Les extraterrestres hochent la tête. « Oui, oui, dit l’un. Il est possible que nous soyons un peu cruels. Mais voyez-vous, poursuit-il, il se trouve que nous sommes très supérieurs à vous. Nous sommes plus intelligents et plus raisonnables, et nous pouvons faire un tas de choses dont vous êtes absolument incapables. Nous sommes une espèce qui vous dépasse et notre existence se situe à un niveau bien différent du vôtre. Regardez à quel point notre culture est fantastique ! Nos vaisseaux spatiaux volent à la vitesse de la lumière ! Et regardez maintenant votre misérable existence ! Il n’y a pas de comparaison ! Voilà pourquoi nous avons le droit de faire tout ce que nous voulons de vous. Comparée à la nôtre, votre vie n’a pas grande valeur. En plus, à supposer même que notre comportement ne soit pas très correct, il y a quand même une chose qui ne fait aucun doute et qui, pour nous, est plus importante que tout : vous êtes drôlement bons ! Miam ! »
Un humain fraîchement tiré de son cachot afin de servir de cobaye pour la médecine se met à invectiver ces créatures venues d’ailleurs : « Comment pouvez-vous faire des choses pareilles ? Vous ne voyez donc pas que nous avons des sentiments, que vous nous faites mal ? Comment pouvez-vous prendre nos enfants pour les tuer et les manger ? Vous ne voyez pas à quel point nous souffrons ? Vous ne vous rendez pas compte à quel point vous êtes cruels et barbares ? Vous n’avez donc aucune pitié et aucun sens moral ? »
Les extraterrestres hochent la tête. « Oui, oui, dit l’un. Il est possible que nous soyons un peu cruels. Mais voyez-vous, poursuit-il, il se trouve que nous sommes très supérieurs à vous. Nous sommes plus intelligents et plus raisonnables, et nous pouvons faire un tas de choses dont vous êtes absolument incapables. Nous sommes une espèce qui vous dépasse et notre existence se situe à un niveau bien différent du vôtre. Regardez à quel point notre culture est fantastique ! Nos vaisseaux spatiaux volent à la vitesse de la lumière ! Et regardez maintenant votre misérable existence ! Il n’y a pas de comparaison ! Voilà pourquoi nous avons le droit de faire tout ce que nous voulons de vous. Comparée à la nôtre, votre vie n’a pas grande valeur. En plus, à supposer même que notre comportement ne soit pas très correct, il y a quand même une chose qui ne fait aucun doute et qui, pour nous, est plus importante que tout : vous êtes drôlement bons ! Miam ! »
Source www.inrees.com
Editions Belfond (Mai 2014 ; 160 pages)
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