Edwy Plenel : Les musulmans-français sont victimes du même racisme que les juifs-français d'hier


Edwy Penel était ce matin l’invité de Jean-Jaques Bourdin sur BFM TV, à l’occasion de la sortie de son nouveau livre « Pour les musulmans », cette semaine, dans les librairies françaises. Occasion pour l’écrivain, journaliste et co-fondateur de Mediapart de tirer la sonnette d’alarme concernant la situation dans laquelle se retrouvent aujourd’hui les Français « d’origine, de culture ou de croyance musulmanes contre ceux qui les érigent en boucs émissaires de nos inquiétudes et de nos incertitudes ». Il a également réagi à la mise en place de la coalition internationale contre l'Etat islamique.





Avec la montée récente en puissance de l’Etat islamique (EI), les musulmans de tous bords sont de nouveau pris pour cibles par des vagues d’amalgames « islamiste-terroriste ». Une situation qui a poussé les responsables musulmans de France et d’ailleurs à faire front commun la semaine dernière dans les médias, pour condamner les actions de ce groupe extrémiste et expliquer, une fois de plus, que ces agissements n’ont rient avoir avec l’islam. Ce lundi matin, c’était au tour d’Edwy Plenel, écrivain, journaliste et co-fondateur de Mediapart, de décrypter le sujet.
Invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV, l’écrivain, journaliste et co-fondateur de Mediapart a d’abord réagi à la mise en place de la coalition internationale contre l’EI, initiée par Barack Obama.
« C'est exactement ce qu'ils attendent, les crédibiliser comme un adversaire, réagir sur le coup de l'émotion, et croire que la guerre va résoudre des problèmes politiques. Déjà deux guerres en Irak, une guerre en Libye, quel est le bilan? A chaque fois, nous ajoutons le malheur au malheur. C'est combien la population de l'Amérique du Nord et de l'Europe? 15% de la population mondiale. Et nous allons, nous, dire ce qui est bon pour le monde, sans discuter, sans réfléchir ? », s’est-il interrogé.



« Ajouter le désordre au désordre »
Edwy Plenel n’a pas non plus apprécié la position de son ministre des Affaires étrangères. « J'entends George Bush junior en entendant Laurent Fabius. On décide la guerre sans les Nations Unies. Ayez peur et je m'occupe du reste. D'où il vient l'Etat islamique? Il vient du désordre que nous avons créé. Nous avons créé la guerre de religion entre sunnites et chiites », a-t-il estimé.
Interrogé sur les moyens pour combattre l'Etat islamique, l’écrivain est ferme. « Quand on n'essaie pas de comprendre ce qu'il y a derrière un acte aussi révoltant que ces égorgements, de comprendre d'où ça vient... Derrière le pire des crimes il y a des causes. Frapper le crime sans s'occuper des causes, sans solution politique durables, c'est ajouter le désordre au désordre ».
 « Pour les musulmans »



Auteur d’un nouveau livre intitulé « Pour les musulmans » (La Découverte), dont la sortie est prévue jeudi prochain, Edwy Plenel a aussi longuement pris la défense des musulmans de France « contre ceux qui les érigent en boucs émissaires de nos inquiétudes et de nos incertitudes ».
« Mon livre c'est un cri d'alarme et un geste de solidarité. Il y a mille façons d'être musulman. Ils ne sont pour rien dans les crimes monstrueux commis par des gens qui improprement se réclament de l'islam. Une démocratie ce n'est pas la loi de la majorité, c'est le respect des minorités. Arrêtez de vouloir nous uniformiser. Arrêtez de stigmatiser ceux qui disent ‘‘Je suis français et musulman’’ », a-t-il insisté.
« Arrêtons de stigmatiser au nom de la croyance. On accepte dans l'espace public de dire qu'il y a un souci de civilisation qui serait l'Islam », déplore-t-il. « Je demande que nous les admettions, ils sont le résultat de notre Histoire, ils sont là, ils travaillent ». « J'ai été choqué par la solitude dans laquelle on laisse les musulman ». « On dit ‘‘Il y a un souci de civilisation’’, on met les musulmans en bloc, et on ne réagit pas », a-t-il encore déclaré.
Un débat sera par ailleurs organisé le jour de sa sortie en France, jeudi, à l’Institut du Monde Arabe à Paris, à 18 h 30. Il sera animé par Denis Sieffert de Politis et fera appel, notamment, à Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine à l’Unesco pour en parler avec l’auteur.

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