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Ruwen ogien: Le bonheur a-t-il de l’importance ?

Ruwen OGIEN Philosophe, directeur de recherches au CNRS
Ruwen Ogien est un philosophe français contemporain. Directeur de recherche au CNRS, membre du Centre de recherche Sens, Éthique, Société (CERSES, UMR 8137, CNRS - Université Paris Descartes) ses travaux portent notamment sur la philosophie morale et la philosophie des sciences sociales.
Formé à Bruxelles, Tel-Aviv, Cambridge, Paris, Columbia et Montréal, il se rattache à la philosophie analytique.
Il est le frère d'Albert Ogien, sociologue s'inscrivant dans le courant ethnométhodologiste.

Biographie

Il est né à Hofgeismar en Allemagne, d'une famille d'origine juive polonaise parlant yiddish, et arrive en France en 1949 peu après sa naissance, où il apprend le français à l'école1.
Il arrive à la philosophie assez tardivement, sans passer par le cursus habituel, et devient en 1981 chercheur au CNRS1.

Travaux

Article détaillé : éthique minimale.

Formé à l'anthropologie sociale, il a beaucoup écrit sur la pauvreté et sur l'immigration. Sa thèse de philosophie, sous la direction de Jacques Bouveresse, a été publiée sous le titre La faiblesse de la volonté. Ses domaines de recherche actuels sont la philosophie morale et la philosophie des sciences sociales. Ruwen Ogien s’est aussi intéressé à la philosophie de l'action, à la notion de raison pratique ainsi qu’à l’irrationalité pratique. Ses autres travaux ont porté sur la question des émotions, notamment la haine et la honte.
Il s'efforce actuellement de mettre au point une théorie éthique qu'il nomme « éthique minimale ». C'est une éthique d'esprit anti-paternaliste qui voudrait donner des raisons de limiter autant que possible les domaines d'intervention de ce qu'il appelle, à la suite de John Stuart Mill, la « police morale ». L'éthique minimale se présentait initialement sous la forme de trois principes :
  1. Principe de considération égale qui nous demande d'accorder la même valeur à la voix de chacun ;
  2. Principe de neutralité à l'égard des conceptions du juste et du bien personnel ;
  3. Principe d'intervention limitée aux cas de torts flagrants causés à autrui2.
Par la suite, Ruwen Ogien a essayé de les réduire à un seul : « Ne pas nuire aux autres, rien de plus3 » en suivant le raisonnement suivant :
  1. Nous n’avons aucun devoir moral à l’égard de nous-mêmes. Nous avons seulement des devoirs moraux à l’égard des autres ;
  2. Les devoirs moraux à l’égard des autres peuvent être ou bien positifs (aider, faire le bien) ou bien négatifs (ne pas nuire, ne pas faire le mal) ;
  3. L’option positive s’exprime dans un ensemble de principes d’assistance, de charité, de bienfaisance qui risquent d’aboutir au paternalisme, cette attitude qui consiste à vouloir faire le bien des autres sans tenir compte de leur opinion ;
  4. Pour éviter le paternalisme, il vaut mieux s’en tenir au seul principe négatif de ne pas nuire aux autres.
Finalement, ce que Ruwen Ogien appelle « éthique minimale », c’est une éthique qui exclut les devoirs moraux envers soi-même et les devoirs positifs paternalistes à l’égard des autres. Elle tend à se réduire au seul principe de ne pas nuire aux autres. En conformité avec cette conception générale de l'éthique, il soutient la liberté de faire ce qu’on veut de sa propre vie du moment qu’on ne nuit pas autres, ce qui implique la décriminalisation de la consommation de stupéfiants, de toutes les formes de relations sexuelles entre adultes consentants, et de l’aide active à mourir pour ceux qui en font la demande4.
Un ouvrage paru en 2007, L'éthique aujourd'hui. Maximalistes et minimalistes, développe de façon plus systématique cette « éthique minimale5 ».
Un numéro spécial de la Revue de Théologie et de Philosophie a été consacré à l'éthique minimale6.
Ruwen Ogien essaie à présent de mettre en relation l’éthique minimale avec les travaux sur le développement moral des enfants et la variabilité des systèmes moraux dans un livre paru en septembre 2011: L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale7.

Convictions et engagements

Dans un entretien publié le 13 janvier 20138, Ruwen Ogien critique les détracteurs de la loi en faveur du mariage homosexuel. Pour lui, c’est la liberté individuelle qui doit primer, en respectant le principe de non-nuisance aux autres8. Ceux qui rejettent le mariage gay expriment aussi une fausse idée du mariage : aujourd’hui, dans la majorité des cas, même « ceux qui dénoncent le plus hystériquement le mariage gay », ne défendent pas vraiment le mariage dit traditionnel.
Il estime que deux éthiques s’opposent. Dans une conception minimaliste, « les torts qu’on se cause à soi-même (en se suicidant ou en se mentant) n’ont aucune importance éthique8 », à l’opposé, une conception maximaliste interdit une utilisation « libre » de son corps, définissant la liberté de manière plus collective.

Publications

  • Réseaux d'immigrés : ethnographie de nulle part, (avec Jacques Katuszewski), Éditions ouvrières, 1981.
  • Théories ordinaires de la pauvreté, PUF, 1983.
  • Un portrait logique et moral de la haine, L'éclat, 1993. Extraits en ligne.
  • La faiblesse de la volonté, PUF, 1993.
  • Traduction de l'ouvrage de Thomas Nagel Qu'est-ce que tout cela veut dire? : une très brève introduction à la philosophie, L'éclat, 1993
  • La couleur des pensées : sentiments, émotions, intentions (avec Patricia Paperman), EHESS, (coll. Raisons pratiques), 1995.
  • Les causes et les raisons : philosophie analytique et sciences humaines, Jacqueline Chambon, 1995.
  • Cotraduction de l'ouvrage de G. E. Moore, Principia Ethica, Paris, PUF, 1998.
  • Le réalisme moral, Paris, P.U.F, 1999.
  • L’enquête ontologique. Du mode d’existence des objets sociaux, (avec Pierre Livet), EHESS, (Coll. Raisons pratiques), 2000.
  • Raison pratique et sociologie de l’éthique, Paris, CNRS éds, (avec Simone Bateman-Novaes et Patrick Pharo), 2000.
  • La honte est-elle immorale ?, Bayard, 2002.
  • Le rasoir de Kant et autres essais de philosophie pratique, L’éclat 2003.
  • Penser la pornographie, PUF, Coll. Questions d’éthique, 2003, deuxième édition mise à jour 2008
  • La philosophie morale (avec Monique Canto-Sperber), PUF, 2004, troisième édition mise à jour 2010
  • La panique morale, Grasset, 2004.
  • Pourquoi tant de honte ? Nantes, Pleins Feux, 2005.
  • La sexualité, (avec Jean-Cassien Billier), Comprendre, PUF, 2005.
  • La morale a-t-elle un avenir ?, Pleins Feux, 2006.
  • L'éthique aujourd'hui. Maximalistes et minimalistes, Paris, Gallimard, 2007.
  • La liberté d'offenser. Le sexe, l'art et la morale, Paris, La Musardine, 2007.
  • Les Concepts de l'éthique. Faut-il être conséquentialiste?, Paris, collection L'Avocat du Diable, Éditions Hermann, 2009 (avec Christine Tappolet).
  • La vie, la mort, l'État. Le débat bioéthique', Paris, Grasset, 2009.
  • Le corps et l'argent, Paris, La Musardine, 2010.
  • L’influence de l’odeur des croissants chauds sur la bonté humaine et autres questions de philosophie morale expérimentale, Paris, Grasset, 2011.
  • La guerre aux pauvres commence à l'école. Sur la morale laïque, Grasset, 2012.
  • L'État nous rend-il meilleurs ? Essai sur la liberté politique, Gallimard, 336 pages, 2013, (ISBN 2070451917)9.
  • Philosopher ou faire l’amour, Paris, Grasset, 2014


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