La méditation naturelle


Extraits de Le bonheur de l’Éveil  (L’Écologie Intérieure 3) par Yann Thibaud.

La méditation naturelle

Si, comme l’affirment les éveillés eux-mêmes, l’Éveil est ce que nous sommes, notre nature intime et notre réalité ultime, alors il n’est nul besoin de recourir à des techniques complexes ou des initiations exotiques ou ésotériques, pour retrouver la mémoire de notre identité véritable.
Nul besoin en effet de discipline sévère, de pratiques rigoureuses ou de connaissances secrètes pour être soi-même, mais simplement le désir sincère de connaître et comprendre ce qui se passe en soi.
Or, dans notre monde, tout semble fait pour qu’à aucun moment, il ne soit possible de se livrer à cette exploration intérieure, l’esprit étant constamment occupé par de multiples activités et les rares moments de repos, meublés par le son de la radio, de la télévision ou de l’ordinateur.
Même les instants consacrés à la méditation sont le plus souvent employés à se conformer à des techniques, protocoles ou systèmes, consistant à se focaliser sur un son, un objet , un symbole, une idée, un endroit du corps, etc.
Or, pour que l’être intérieur ou le moi profond puisse se manifester, encore faut-il lui en laisser la possibilité et, pour cela, se tourner vers l’intérieur et s’ouvrir à ce qui survient spontanément en soi.
Lorsque l’on entreprend de se connaître et que l’on porte son attention sur son monde intérieur, on est d’abord frappé par sa richesse et son foisonnement : sensations, pulsions, émotions, pensées, désirs, sentiments se succèdent continuellement et (apparemment) sans ordre, ni logique, faisant penser à une jungle grouillante de vie.





Si l’on est adepte de la guerre contre soi, on s’efforcera alors de mettre au pas et faire défiler en rangs bien ordonnés, ce peuple intérieur décidément trop indiscipliné et exubérant ; autrement dit, on tentera, en vue de méditer, de chasser ses pensées (parce qu’elles émanent du « mental », cette sorte d’entité dégoûtante et monstrueuse, censée être la cause de tous nos maux !), de nier ses pulsions et de masquer ses émotions ; et l’on n’aboutira qu’à brider, brimer et briser sa nature intérieure, ses envies, ses instincts, son besoin de bonheur, de joie, de liberté, sa créativité, sa sagesse et son esprit.
Mais si l’on accepte son monde intérieur tel qu’il est, en se contentant de le percevoir avec intérêt, bienveillance et neutralité, alors il reprendra forme et sens : les pensées, dès lors qu’elles sont écoutées, honorées et prises en compte, peuvent s’approfondir, quitter le plan superficiel des réactions émotionnelles et réflexes conformistes, pour donner lieu à des prises de conscience émanant de la sagesse intérieure, s’avérant être source de compréhensions, révélations et inspirations appropriées ; les émotions perçues, acceptées et libérées, se transmutent alors en paix, joie et plénitude ; quant aux désirs, si leur substrat émotionnel se transmute, ils s’approfondissent également et deviennent des intuitions justes et pertinentes, provenant des couches profondes de la conscience.
Ainsi ce que l’on pourrait appeler la méditation libre, naturelle ou spontanée, au lieu d’imposer un ordre arbitraire et artificiel à ses pensées, désirs et sentiments, consiste simplement à les accepter, les laisser être et suivre leur cours naturel, que l’on ne peut déterminer par avance, mais qui aboutit toujours à une réorganisation, réharmonisation et clarification de l’esprit.
Méditer ne consiste donc pas à adopter le look, la posture et les manières du méditant, à singer un modèle ou à devenir une statue vivante, mais au contraire à perdre ou déconstruire les déguisements sociaux, repères et croyances obsolètes, pour laisser resplendir la magnificence du moi véritable.
C’est ainsi que, couche après couche, strate après strate, la méditation authentique permet de se libérer de ces vieux vêtements usés et inutiles, qui recouvrent et masquent le soleil intérieur.
Voilà maintenant quelques décennies que la méditation est devenue à la mode ; et s’est peu à peu diffusée, dans les médias notamment, l’image stéréotypée du méditant installé dans une posture impeccable, accompagnée de l’idée naïve et simpliste que cette seule position immobile allait amener magiquement et automatiquement le bien-être et la sérénité.
En réalité, la méditation est une attitude intérieure, consistant à être constamment conscient de ce qui se produit en soi et autour de soi ; et c’est le développement de cette « conscience-témoin », qui va préparer le terrain et rendre possible l’émergence progressive de l’être intérieur et la venue d’états d’Éveil et d’expansion de conscience.
C’est pourquoi la méditation se pratique tout le temps ou jamais : elle ne consiste pas à s’asseoir en tailleur à horaires déterminés en suivant un protocole précis, mais à être à chaque instant attentif à ce qui advient ; elle est une dynamique intérieure qui se met en place, lorsque l’on commence à percevoir sereinement ses propres fonctionnements, comme le spectacle du monde.
La meilleure position de méditation est simplement celle qui permet le mieux de se détendre, se relâcher, s’ouvrir et lâcher prise, ce qui implique qu’elle sera différente pour chacun et selon le moment de la journée.
Ce qui montre bien que la posture de méditation n’a pas l’importance quelque peu fétichiste qu’on lui accorde, c’est que les états d’expansion de conscience, en pratique, surviennent n’importe quand et n’importe où, dans le courant de la vie, au moment même où l’on se détend et où l’on lâche prise, au restaurant, dans un ascenseur, sur le périphérique, en faisant du ski, en se promenant dans la rue…
L’Éveil comme l’amour ne connaît pas de loi ; il ne dépend pas d’une technique ou d’un enseignement, mais au contraire de l’oubli ou du renoncement à toute croyance, certitude ou idée préétablie.
La méditation, au final, n’est autre que la manière normale et naturelle de vivre, connecté à soi, conscient, centré et attentif à toutes choses, adoptant dès lors naturellement un comportement juste, moral, adapté et efficace.
Et c’est faute de cette vision juste, faute d’être reliés à leur sagesse intuitive, que les êtres humains adhèrent à des idéologies guerrières, obéissent à des traditions cruelles et irrationnelles ou se livrent à des activités malsaines, iniques ou prédatrices.
Aussi, la science de la conscience ou l’art de l’esprit que constitue la méditation, est-elle la clé méconnue qui changera le monde, pour peu que l’on s’affranchisse d’une conception archaïque et figée de la pratique méditative, qui l’identifie à cette étrange manie de rester le plus longtemps possible dans une position rigide, statique et hiératique, sorte d’exploit masochiste, absurde et inutile.
C’est par l’expansion de la conscience et la connaissance de soi, que l’être humain pourra changer profondément et durablement, et sortir alors des multiples impasses actuelles.
Chacun, tôt ou tard, sera amené à se tourner vers son propre esprit et à percevoir son propre fonctionnement ; et ce d’autant plus que se diffusera une nouvelle conception de la méditation, plus simple, plus aisée et accessible à tous, perçue non plus comme un cérémonial contraignant et fastidieux, mais comme un changement de regard sur soi et sur le monde, une découverte du bonheur d’être, de sentir et de vivre.
Car la vie est l’essence même de la méditation ; et la méditation n’est rien d’autre que l’expérience consciente de la vie.

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