Patrice Hernu: Genèse II

Une chute fantasmatique qui accompagne l'apparition du patriarcat, une trahison sémantique de la connaissance primordiale et l'apparition d'un nouveau mythe qui fait sens...

Genèse II

Dans les tablettes sumériennes, les dieux sont des concepts symboliques ou opératoires qui permettent de transmettre la connaissance d'événements ou de faits dont la science n'était pas ou plus totalement à portée de main. Science réservée à quelques initiés ou tout simplement perdue. Les tablettes sur la bataille céleste ou sur l'émergence de l'homme et de la création sur Terre, ce qu'on appelle la Genèse ou en sumérien "Adapa", revèle un savoir qui n'était pas ou plus "compris" par les scribes qui recopiaient les récits de la tradition, depuis des millénaires. Il n'est d'ailleurs pas simple d'évaluer le temps pendant lequel ils ont été oralement transmis avant de commencer d'être retranscrit par écrit ou par symboles.

[Cet article est la suite de  Genèse I : http://cavalierandonneur.blogspot.fr/2015/03/patrice-hernu-genese-i.html


Pour la genèse de la création du système solaire, reprenant les intuitions de traducteurs fous, démonstration rigoureuse a été apportée que la "Grande bataille céleste", dite "Epopée de la Création", laquelle commence par "Enuma elish", représentait le récit allégorique mais précis de l'histoire de notre système. Ce texte est fondamental pour comprendre le procédé de l'écriture allégorique des tablettes. Car si les planètes ne sont pas des dieux comme l'histoire semble nous les rapporter depuis qu'elle est une science critique, mais des personnages permettant une mémorisation plus aisée du récit par superposition à des épisodes culturels, il n'y a aucune raison que les mêmes noms des prétendus mêmes dieux, utilisés dans d'autres contextes, doivent être vus comme des dieux au sens actuel, dans notre incapacité à voir autre chose qu'une étape primitive de la pensée idôlatre.

Ce point est absolument central. C'est au contraire lorsqu'on se rapproche des temps modernes que le point de vue idolâtre l'emporte. Car la superposition à destinée de légitimation culturelle efface progressivement le sens originel. Car celui-ci est fragile comme le sable d'une grève sur laquelle la mer de la volonté de puissance des Etats-Cités ne gardera de la légitimité née de la connaissance que le robe pourpre du mal et du sang. Ainsi naîtront Seth le roux, David le rouge et tout simplement la figure sanguinaire d'Adam, car, on le verra, ce mot ne veut rien dire d'autre que cela malgré toutes les gesticulations sémantiques des transcripteurs de la Bible sous la direction du grand Manéthon.

Le récit est d'ailleurs incomplet. Le soleil-père, Aton-Râ égyptien, a une mère, Amon-Râ, dont l'oubli s'est superposé avec le meurtre symbolique de la mère, si morte en la personne du substantif miroir sumérien Marih, qu'on lui substituera le meurtre oedipien du père dans la Bible, comme l'ont bien expliqué chacun à sa façon Sophocle ou Freud qui l'a bien compris.


A l'origine en effet, le soleil, notre soleil, est une étoile binaire comme Sirius. Sirius B, peu visible bien que bien plus chaude, tourne autour de Sirius A à une vitesse correspond à l'année solaire terrestre. Les oscillations remarquables de Sirius (Sothis) pouvaient de ce fait être utilisées pour recaler l'année. Sirius est remarquable à bien d'autres titres, notamment parce qu'elle se rapproche inexorablement du système solaire...

Sa conjonction avec le Soleil annonçait la prochaine crue du Nil, renouvelant ainsi dans ce territoire projection pensée d'Orion et de Sirius, la genèse créatrice par le sacrifice du soleil-mère-matrice pour le soleil incarné et incarnant. Ce phénomène s'est décalé de plusieurs semaines du fait du phénomène de la précession des équinoxes. D'où les variations dans les interprétations. A l'époque où cette conjonction était concomitante des grandes chaleurs en Egypte (Shemou) et se situait dans la constellation du Chien, l'image du chien langue pendante et cette superposition d'évènements ont perpétué l'association. C'est de là que vient le mot "canicule".

Le Soleil A a explosé en supernovae ce qui explique les anomalies apparentes du système solaire préservé, notre Soleil B : notamment les planètes titanides et la Baleine de Jonas, le nuage d'Oort, qui grâce à ses immenses réservoirs d'eau qu'il déverse à chaque cycle, d'où Verse-Eau, ont servi de radiateur au Soleil B, ralentissant son évolution et le préservant de finir trop vite en feu d'artifice !

On retrouve trace de ce soleil dans les mythologies maya et  grecque sous divers noms : Théïa (qui désigne alternativement la Lune et ce Soleil matrice, parce que Séléné est née de la collision de Tiamat, l'ancienne terre, avec un ex satellite de Jupiter venu en fait de Soleil A, ainsi également nommé Nemesis ou Quetzalcóatl, le serpent à plumes.

Le double serpent d'Hermès, du Caducées,  ou celui de Nuwa et Fuxi dans la mythologie chinoise renvoie au cerveau reptilien double de notre soleil, superposé au cerveau humain et au doublet XY qui est appelé inexorablement à perdre son Y, son Osiris (mythe du pénis perdu). Mais cela nous emmènerait peut-être trop loin dans l'analyse psychanalytique des traces mnésiques de la connaissance de la scène primitive dans le symbolisme des spiritualités.

Ainsi, dans la sexualité cosmique que les mythes ont superposé à celle des hommes,  les X et Y sont inversés dans la vraie genèse, ou interchangeable, ou incursés l'un dans l'autre. Ce n'est que l'incarnation du "ciel" (symbole) dans la "terre" qui a déterminé l'un à devenir Homme et l'autre Femme. A l'origine, l'androgyne est sexué, mais les caractères matriciel et patriciel ne sont pas encore superposés à la sexualité humaine.

Cette partie de la scène primitive est en large partie perdue dans la genèse biblique, et elle s'estompe déjà dans le genèse sumérienne. Comme je l'ai évoquée pour expliquer l'entrée en scène du dieu (symbole opérationel) des profondeurs dans la Bataille céleste. Dans la genèse sumérienne, il n'y a pas perte totale de la scène primitive.

Prenons l'exemple des Néfilim.

Une chute fantasmatique qui accompagne l'apparition du patriarcat, une trahison sémantique de la connaissance primordiale et l'apparition d'un nouveau mythe qui fait sens...

Les Sumériens sont les premiers (connus de nous) à avoir écrit que l'homme fut créé "via" les Néfilim. Nous sommes tellement imprégnés de l'interprétation biblique que nous l'avons immédiatement projetée sur la source sumérienne. Dans la Thorah, il n'apparaît pourtant que deux fois. Les langues consonnantiques étant propres à toute sorte de permutations et interprétations par ajout alternatif de voyelles de la vraie langue des oiseaux mais non représentées, on a vite fait de superposer le mot au sens de sorte d'êtres surnaturels, pourquoi pas les "géants" que les hébreux rencontrent en explorant le pays convoité. On superposera le sens originel sumérien, encore oublié, "ce qui dans le principe de vie est venu des étoiles", car "nef" n'exprime le sang qu'à travers les erreurs de traduction akkadienne d'où procède l'araméen et donc l'hébreu.

Aussi bien, le mot « nephilim » prendra des significations faussement ésotériques qui seront abondamment exploitées  dans la littérature chrétienne à propos des anges déchus, en désignant « ceux qui sont tombés », « ceux qui tombent », ou « ceux qui font tomber », qui corrompent les âmes des hommes, qui tout sachant qu'ils soient incarnent le mal. Nous avons vu comment ce qui désigne le sang a fini par recouvrer des sens si paradoxaux que la connaissance en finit par être associée au mal. Dans le meilleur des cas ces « fils de Dieu » se sont révoltés, reprenant là l'allégorie sumérienne de la révolte des prétendus dieux dans les mines d'or de Nubie. Dans le pire,  le fruit du l'union entre ces « fils de Dieu » et les filles des hommes donne naissance à une lignée rousse assimilée au mal, qu'on retrouvera à Sodome, littéralement les enfants (Sa) d'Adam ou d'Edom, les "rouges", stigmatisant ainsi sans détour ceux des hommes et des femmes qui se seraient métissés avec le Neandertal, ces géants à abattre.  Dans la Genèse biblique,  cet épisode précède le Déluge, ce qui est conforme aux enseignements de la paléogénétique.

Ainsi  mésinterprété, ce récit semblerait totalement être en contradiction avec les théories mêmes les plus souples de l'évolution ! Je n'évoquerai pas les adeptes des théories du "new age" qui, en lisant les textes sumériens, ont vite compris qu'ils n'étaient pas réductibles à l'interprétation biblique ultérieure : ils ont préféré dire qu'il s'agissait d'extra-terrestres, ce qui finalement leur a semblé le plus compatible avec la Bible, donc moins exposé à une lever de boucliers. Entre un extraterrestre et un fils de dieu, en effet la différence est mince, apparemment !

Quelle vérité dans tout cela ?  Car le fait est que l'analyse de la bataille céleste a montré qu'il n'y avait aucune contradiction entre les textes sumériens les plus anciens et la science. Nous ne parlons pas des dérives babyloniennes, assyriennes ou cananéennes. Pourquoi en serait-il autrement pour Adapa ? Peut-être, nous ne savons tout simplement pas les lire correctement. Il faut en effet toujours considérer d'abord la formation des archétypes sur la base des racines sémantiques. C'est l'arche perdue, le musée des trésors et la clef de la mémoire intergénérationnelle.

En analysant la dérive du mot nephesh (on le verra un peu plus loin dans les suites de cet texte), nous comprendrons qu'en fait nephilim veut bien dire "qui tombe des étoiles", mais im est associé au principe de vie, c'est à dire sans doute aux molécules qui permettent "d'établir en force" la création, comme dit Adapa. Ces molécules sont de deux sortes selon qu'elles ont été créées sur Terre ou dans les Étoiles. Ce que les scientifiques appellent aujourd'hui la "chiralité".


D’où vient la chiralité qui semble régenter la vie sur Terre à toutes les échelles ? 

La chiralité désigne le fait que certains éléments comme les acides aminés n’existent que sous la forme gauche alors que les sucres, présents dans l’ADN, sont de formes droites, ordonnance que l’on retrouve dans le symbolisme originel. D’où ont-ils hérité cette tradition alors qu’il est évidemment possible d’obtenir l’ordonnance inverse en laboratoire ?

Un rayonnement polarisé, une lumière, celle du soleil virtuel isiaque, détermine la forme gauche ou droite des molécules, ce qui prouve que certaines de ces molécules nous viennent des étoiles bien avant la naissance des planètes.

Elles sont tombées du ciel pour s'incarner dans leur chute.

Et c'est pourquoi leur orientation gauche a été superposée à tort à celle de la chute, et pourquoi encore, celui qui chute, celui qui disparaît dans tout système sexué de reproduction incarné, le Y, a été superposé au mal et à la connaissance.

La chute en tant que principe du mal n'existe pas dans la genèse sumérienne.

Certains interprètes bibliques qui ont voulu résoudre cette apparente contradiction de la Torah, diront que le péché originel n'est qu'une erreur de "Dieu", une déchirure qu'il appartient à l'homme de réparer. D'une certaine façon, le Christ prendra sur lui cette réparation pour en "délivrer" les hommes sans rompre avec le Livre. C'est une manière de revenir à la Tradition vraie de la genèse sans rejeter l'Histoire qui en procède.


Car dans la genèse sumérienne, il n'y a ni faute, ni vénération au sens actuel.


L'homme s'identifie au plan de la création. Tel est le sens de son "travail".

Aussi bien reprenons la lecture de la genèse sumérienne avec cette clef qui ouvre la compréhension émerveillée, à mes yeux, de l'origine du mythe d'Adam et Eve...


Patrice Hernu
10 mars 2014


Cet article fait partie de la suite : 
Genèse I https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-i/652468554819820 
Genèse II : https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-ii/661915883875087
Genèse III : https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-iii-sum%C3%A9rienne-et-ses-h%C3%A9riti%C3%A8res/728610490538959
Genèse IV :https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-iv-adapa-je-suis/850690331664307
Genèse V : https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-v-adapa-lav%C3%A8nement-de-lhomme-de-sang-m%C3%AAl%C3%A9-ou-de-culture/851493834917290 



Références
  1. Relire Genèse I : https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-i/652468554819820
  2. Qui fait suite aux chroniques sur les peaux rougeshttps://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/iv-d%C3%A9cid%C3%A9ment-les-peaux-rouges-nont-pas-bonne-r%C3%A9putation-1-mis-%C3%A0-part-adam-le-pr/628978887168787https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/iiv-d%C3%A9cid%C3%A9ment-les-peaux-rouges-nont-pas-bonne-r%C3%A9putation-2-lancien-testament-ne/629013513831991
  3. La chiralité et les briques du vivant (Orion) : https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/egypte-et-science-le-nuage-dorion-est-il-%C3%A0-lorigine-de-la-premi%C3%A8re-brique-du-viv/520989724634371

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