Patrice Hernu: Genèse III (Sumérienne et ses héritières)

   Genèse III (Sumérienne et ses héritières)

Dans les tablettes sumériennes, les dieux sont des concepts symboliques ou opératoires qui permettent de transmettre la connaissance d'événements ou de faits dont la science n'était pas ou plus totalement à portée de main. Science réservée à quelques initiés ou tout simplement perdue. Les tablettes sur la bataille céleste ou sur l'émergence de l'homme et de la création sur Terre, ce qu'on appelle la Genèse ou en sumérien "Adapa", revèle un savoir qui n'était pas ou plus "compris" par les scribes qui recopiaient les récits de la tradition, depuis des millénaires. Il n'est d'ailleurs pas simple d'évaluer le temps pendant lequel ils ont été oralement transmis avant de commencer d'être retranscrit par écrit ou par symboles. Il est difficile de démêler la falsification volontaire des origines et la déformation inévitable au fur et à mesure de la transmission dans des contextes culturels opposés. Je ne m'y hasarderai pas.

Je reprends donc non sous forme d'un récit structuré, lequel viendra peut-être, mais de notes et de réflexions, tellement la version sumérienne de la Genèse pose de questions, d'ordre divers. Allons donc pas à pas, avec prudence, droit à l'erreur et discussions contrastées. 



[Cet article est la suite de  Genèse I https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-i/652468554819820 
et de Genèse II : https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-ii/661915883875087]

Laissons aux multiples reprises le soin de rapporter l'interprétation "officielle" de l'épopée de la création  : la création par les dieux-annunakis-elohim de l'homme comme esclave travaillant pour les dieux.

Cette version littérale n'est à mes yeux pas crédible. 

Pourquoi les planètes de la Grande Bataille céleste  (Enuma elish) seraient-elles personnalisées par des "dieux" pour les besoins de la narration, de l'épopée, et pourquoi ces derniers deviendraient-ils des divinités réelles au mieux, au pire des extra-terrestres, dans l'épopée de la création. Car c'est également une épopée. Certes, au fur et à mesure que la tradition sera instrumentalisée par le triplet Etat-Armée-Religion, ces personnages deviendont des puissances surnaturelles que les hommes craindront d'autant plus plus qu'elles deviendront invisibles, omniprésentes et, au stade final, unique et universellement présente(s) et puissantes. Voici comment on passe du pluriel au singulier, notamment dans la translitération "elohim" totalement absente de la version source.

L'évolution de la structure du mythe, son écosystème archétypal, est très intéressante. Tel est l'affaire de la mythologie. En revanche pour tenter, juste tenter, de lire les traces de la tradition antérieure, voire de la connaissance perdue, éviter de projeter sur l'épopée l'usage qui en sera plus tard et surtout l'idée moderne d'un dieu abstrait que nul homme antique ne saurait embrasser, est une nécessité. Guématrie, système, cosmogonie, lecture codée, kabbale, sont des outils qui viennent ensuite pour préserver des "structures symboliques" utiles au cerveau humain, utiles pour re-naître dans ce qu'on ne con-naît plus directement. Pour s'initier à  quelque chose qui vibre avec la scène primordiale sinon primitive. Mots utilement "substitués" qui sont des outils, et qui permutent comme dans une théorie mathématique. Les prendre pour la vérité de ces textes conduit à justifier l'idolâtrie des périodes de décadence ultérieure.

D'ailleurs, ne cherchons pas au-delà du texte de l'épopée qui commence par :

"Lorsque les dieux en tant qu'hommes..."

Difficile d'être plus clair. D'autant que même le mot "dieu" ne figure pas en tant que tel !

..............
Ni dieux ni Nephilim dans la Genèse sumérienne mais des Seigneurs et Maîtres de chair et de sang humains.............. Ni dieux ni Nephilim dans la Genèse sumérienne mais des Seigneurs et Maîtres de chair et de sang humains



Il n'y a de dieux que les hommes, les hommes réalisés, incarnés, adamisés, ou les hommes "en puissance" dans les cycles de création. D'autant que le mot "dieu" ne figure pas dans la version sumérienne. On y parle de "Maître", de "Seigneur" des lieux. Bref, plus les versions sont anciennes, plus elles prennent le soin de nous rappeler que les Seigneurs, les fameux anunakis sont des sapiens. Alors quelle est cette image des "Seigneurs" qu'il convient de mettre sur l'identité sans doute génomique de ceux que les maîtres vont vouloir mettre au travail pour leur compte ?

Avant d'aborder cette question mettons également fin au mythe des nephilim dans la genèse sumérienne et du coup redressons la signification originellle dont son usage a dérivé dans le Pentateuque et d'autres textes.


Je lis par exemple sous la plume d'un interprète célèbre de la genèse sumérienne le texte suivant : "Intimement convaincus que la création de l'homme avait été précédée d'une époque pendant laquelle seuls les Néfilim étaient sur Terre, les textes sumériens notent au fur et à mesure de leur déroulement les événements qui s'étaient produits  - quand  l'homme n'avait pas encore été créé, quand Nippour n'étaient habités que par les dieux - ". Bref, "l'homme"  aurait été créé par les "Néfilim" !


Cette version, où se mêlent les extra-terrestres et les dieux, se retrouvent sur les sites de l'internet et comme épine dorsale avec mult variantes des livres à succès sur le thème.

Petit souci : le mot nephilim (tiré des diverses versions de la Bible) ne figure pas dans le texte sumérien ! Même problème en quelque sort que la fameuse Nibiru ! D'où vient donc cet usage ?

Dans les textes bibliques, les nephilim sont tantôt des êtres apparemment surnaturels, tantôt des ennemis redoutables qu'il faut terrasser.

Dans le Pentateuque (Torah), il apparaît deux fois seulement (Gn 6. 4 et Nb 13. 33).  Il est alors traduit par "géants", d'où la transposition dans l'interprétation sumérienne, ou plus bibliquement par "anges déchus" ou tout autre terme associé à la chute. En Genèse 6:4, les nephilim seraient des êtres issus d'une relation entre les « fils de Dieu » et les « filles des hommes ». Au terme de ce travail sur la genèse sumérienne, on verra mieux comment cette affirmation dérive directement du mythe de la création de l'Adam.  Voici une traduction courante de ce passage :
«  Lorsque les hommes eurent commencé à se multiplier sur la face de la terre, et que des filles leur furent nées, les fils de Dieu [« benei Elohim »] virent que les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu’ils choisirent.  Alors Dieu dit : « Mon esprit ne jugera plus l'homme pour ses fautes, car l’homme est fait de chair, et ses jours seront de cent vingt ans. Les nephilim se trouvaient sur la terre en ces jours-là, et aussi après cela, quand les fils du vrai Dieu continuèrent d’avoir des rapports avec les filles des hommes et qu’elles leur donnèrent des fils : ils furent les hommes forts du temps jadis, les hommes de renom.»

Première réflexion : Elohim ne fait que désigner les "seigneurs et maîtres" du savoir et du jardin, que les Sumériens désignent par anunakis.

Seconde réflexion : la plupart des interprétations du mot Nephilim se fondent sur le fait que le mot est dérivé de la racine hébraïque « n-ph-l », signifiant « tomber ». Cette signification vernaculaire n'est qu'une déformation du sens akkadien lui-même dérivé du sens sumérien. Il associe en fait le sang (nephesh) à "l", qui représente le Maître, le haut de l'arbre et donc par déformation successive "dieu", le ciel ou les dieux. D'où d'une part l'idée de chute des maîtres métissés avec les femmes du peuple, passée dans la racine hébraïque mais déjà présente dans la version akkadienne de la genèse, et d'autre part cette idée de Géants qu'on va retrouver dans les représentations symboliques mésopotamiennes. En fait, ils ne désignent que les nouveaux maîtres, comme la genèse sumérienne l'explique clairement - on le verra plus en détail - et même la Torah explique bien que cela désigne "les hommes forts du temps jadis, les hommes de renom." Les nephilim sont en réalité des seigneurs faits de chair et de sang, et c'est exactement ce que le mot signifie à l'origine d'où dérivent les sens allégoriques qu'on va retrouver dans d'autres textes également, les Apocryphes mais également par allusion dans le Nouveau Testament.

D'autres seigneurs de grande taille figurent dans les textes bibliques. Ainsi :

la grande taille des descendants d'Anak effraye les Hébreux lorsqu'ils doivent prendre le pays de Canaan. À cause de leur refus de les combattre, ils devront retourner dans le désert et, parmi les chefs des douze tribus, seuls Josué et Caleb pourront voir la Terre promise.« Ils montèrent, par le midi, et ils allèrent jusqu'à Hébron, où étaient Ahiman, Schéschaï et Talmaï, enfants d'Anak. Hébron avait été bâtie sept ans avant Tsoan en Égypte. » (Nb 13. 22) « Et nous y avons vu les nephilim, enfants d'Anak, de la race des nephilim : nous étions à nos yeux et aux leurs comme des sauterelles. » (Nb 13. 33) 
Ils seront frappés d'anathème par les Israélites quand ceux-ci prendront enfin possession de Canaan, comme le raconte le Livre de Josué (Josué 11. 21-22) : « Dans le même temps, Josué se mit en marche, et il extermina les Anakim de la montagne d'Hébron, de Debir, d'Anab, de toute la montagne de Juda et de toute la montagne d'Israël ; Josué les voua à la destruction avec leurs villes. Il ne resta point d'Anakim dans le pays des enfants d'Israël ; il n'en resta qu'à Gaza, à Gath et à Asdod. »

Gaza là où Moïse avait tenté de regrouper ses troupes. Ga ayant la même origine que Kelt, Ka, etc., désignant les peuples de la pierre primordiale opposés aux peuples de Dieu  (Arias, Arabes, Aryens hébariens ou hébreux). Avec la "Loi", Moïse ou Mosis ou plutôt Mossa représentant la tentative de synthèse à l'image des peuples épousés par Abraham-Imohtep en Egypte et reniée par le symbole du Veau d'Or...


Je ne développerai pas plus le caractère ethnique violent de ces textes où les Anakim sont désignés clairement comme les celtes associés à Satan, Seth ou Séti (on y reviendra) qu'il faut exterminer parce que les descendants des maîtres sont des seigneurs déchus, comme ceux de Sodome, littéralement les enfants (Sa) d'Adam (Edom). Dans d'autres passages, ce sont les peuples khémites noirs (la troisième femme d'Abraham, Ketura) qui en prennent pour leur grade. Mais gardons présent à l'esprit que ce n'est que la version finale imposée aux hébreux par les grecs qui veulent les chasser d'Alexandrie, avant d'en tirer des conclusions hâtives !


On voit également superposés les Anakim (Annunaki) désignés comme les descendants des Nephilim, les dieux descendus du ciel, lesquels ont fauté avec les femmes humaines. D'où l'assimilation "intéressée" des Nephilim et des Annunakis par certains auteurs qui voient dans l'humanité une création extraterrestre remontant à environ 300.000 ans ! On reviendra sur ce que raconte en fait cette histoire de métissage des dieux avec la bête à moins que ce ne soit l'inverse ! On verra la version originelle sumérienne et le sens véritable de "lulu" et d'annunakis. On verra qu'en remplaçant El par Seigneur et Adam par Sang (nephesh en akkadien), la genèse sumérienne et la genèse biblique racontent exactement la même histoire de rencontre de deux civilisations, mais chacune avec un point de vue ethnique différent, lequel va progressivement dériver de Sumer au Pentateuque sous l'effet des influences akkadiennes, araméennes, égyptiennes, perso-babyloniennes puis enfin grecques. Au point qu'au final on y perde son latin ou son hébreu.

Au point qu'au final seul demeure le sens spirituel et allégorique que les mots crus de la vérité ne doivent pas remettre en cause. Cela, c'est dur à faire comprendre en des temps d'intégrisme. Dur à faire comprendre qu'on peut se délivrer des interprétations du Livre sans renier ce qu'il nous apprend sur ce qu'il "connaît". Mais revenons à la Genèse sumérienne... 

Patrice Hernu
25 janvier 2015

Cet article fait partie de la suite : 
Genèse I https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-i/652468554819820 
Genèse II : https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-ii/661915883875087
Genèse III : https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-iii-sum%C3%A9rienne-et-ses-h%C3%A9riti%C3%A8res/728610490538959
Genèse IV :https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-iv-adapa-je-suis/850690331664307
Genèse V : https://www.facebook.com/notes/patrice-hernu/gen%C3%A8se-v-adapa-lav%C3%A8nement-de-lhomme-de-sang-m%C3%AAl%C3%A9-ou-de-culture/851493834917290

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