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Café philo : les deux corps du décideur

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Dans son livre  Les  Deux Corps du Roi  [1] , l’historien Ernst Kantorowicz explique que le roi – au Moyen Âge – a  deux corps  : un corps d’homme comme tout un chacun et un corps symbolique qui représente la nation et ne meurt jamais. Kantorowicz note que cette idée est issue de la théologie chrétienne puisque pour un chrétien, l’Église est le corps du Christ sur Terre. Il s’agit bien de deux corps différents et même déconnectés. Un exemple permettra de comprendre de quoi il s’agit dans l’esprit des hommes du Moyen Âge. Le 5 août 1392, le roi Charles VI est pris d’un premier accès de folie dans la forêt du Mans. Il attaque sa propre troupe et tue six personnes avant d’être maîtrisé. Il faut se rendre à l’évidence, le roi de France est fou. Ce qui entraînera la France dans des désastres militaires inouïs. Mais seul le corps terrestre est malade. Le corps symbolique quant à lui ne saurait subir les atteintes de la maladie. Charles va rester roi de France jusqu’à sa mort en 1422. Penda

Café Philo : ne pas croire ce que l’on sait

Les catastrophes possibles et irréelles (1) : ne pas croire ce que l’on sait ou notre impossibilité à croire la catastrophe écologique « Mettre une gifle à une voyante et lui dire : «  Et celle-là, tu l’as vu venir ?  » » Gracchus Cassar Le flirt avec le fantôme La stratégie n’est qu’un flirt avec le fantôme de l’avenir. Il s’agit toujours de structurer l’avenir. Mais comme l’a fait remarquer saint Augustin, il n’y a pas d’avenir, il y a seulement un présent de l’avenir, une pensée de l’avenir dans le présent. L’avenir n’est pas connu, il est seulement imaginé. Aucune stratégie ne s’exempte de cette limite. Elle flirte avec un fantôme qu’elle prétend  réel . Nous ne savons pas ce que sera l’avenir. Mais dans la décision stratégique nous faisons comme si nous le savions. Le fantôme n’est bel et bien qu’un fantôme. Idéal ou inquiétant, en tout cas bien différent du réel. L’avenir sera différent de ce que nous avons espéré ou craint. Peut-être en deçà de nos espérances, peut

Café philo : a propos du Hollandisme : notre monde change-t-il ?

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Le grand Karl disait à propos du 18 Brumaire de Napoléon III que « les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de plein gré, dans des circonstances librement choisies ; celles-ci, ils les trouvent au contraire toutes faites, données, héritage du passé ». La leçon marxienne a été bien comprise par nos contemporains, bien qu’on en oublie souvent la paternité, et la dépolitisation de nos sociétés en est ainsi la marque profonde. J’ai songé à cette belle phrase de Marx lors de la conférence de presse de François Hollande quand ce dernier a révélé devant le parterre de journalistes, je le cite, que « le monde changeait ». J’ai d’abord souri devant ce constat dont l’originalité ne méritait peut-être pas une telle conférence, avant de comprendre que révélation, il y avait peut-être dans ce propos. Car nous étions passés en un an du slogan « Le changement, c’est maintenant » au constat « le monde change ».

Café philo : Meetic, ou l’insipide-dating selon Baudrillard

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Un paradoxe étrange enserre les célibataires aujourd’hui : jamais la France n’a compté autant de sites de rencontre, ni autant de célibataires. Selon une récente enquête de l’INSEE, il y aurait près de 16 millions de célibataires en France, et près d’un célibataire français sur cinq serait inscrit sur l’un des 2.000 sites recensés dans l’Hexagone.